Essai thérapeutique: les six patients ont reçu une dose de molécule plus forte que les autres groupes
Le patient en état de mort cérébrale après sa participation à un essai clinique pour un nouveau médicament est décédé, a annoncé dimanche le centre hospitalier universitaire (CHU) de Rennes dans un communiqué. La veille, le directeur général du centre de recherche Biotrial qui menait cet essai clinique pour un laboratoire portugais, avait déclaré que cet accident, qui a aussi causé l'hospitalisation de cinq autres personnes, demeurait "imprévisible, inexpliqué et inexplicable". Mais selon nos informations l'une des raisons pourrait être une augmentation de la dose de la molécule.
En effet, alors que le processus d'essai thérapeutique prévoit des prises par palier, avec des doses qui augmentent progressivement, selon nos informations les six patients avaient justement passé un palier et prenaient 50mg de manière répétée alors que les autres groupes ne prenaient encore que des doses allant de 10 à 40mg. "40mg ou 50 mg de molécule cela n'a pas la valeur de 40mg ou 50 mg de farine", assure sur RMC le docteur Nathalie Patte Karsenti, neurologue spécialiste de la maladie de Parkinson à la fondation Rothschild.
"Basculer vers une catastrophe"
"Pour l'individu lambda, 1mg on a l'impression que ce n'est rien mais pour une molécule, que l'on ne connaît pas et l'on ne maîtrise pas, 1mg cela peut être d'une puissance très importante, ajoute-t-elle. Cela peut faire franchir un seuil et en médecine on sait que, parfois, quand on franchit un certain seuil cela peut effectivement basculer vers une catastrophe". Alors une différence de 10mg…
Par ailleurs, dans son communiqué, le CHU de Rennes a fait savoir que "l'état de santé des cinq autres patients hospitalisés reste stable". Sur ces cinq patients, quatre présentent des troubles neurologiques, dont la gravité n’a pas été précisée. Toujours selon nos informations, en réalité, plusieurs patients souffriraient de lésions nécrotiques au niveau du tronc cérébral, là même où se trouvent toutes les structures vitales comme par exemple le centre de la respiration. Ils pourraient donc souffrir de lésions irréversibles.
Des nécroses au niveau du tronc cérébral
Ce que confirme le docteur Nathalie Patte Karsenti: "Le tronc cérébral est une zone d'une petite structure en volume par rapport au cerveau mais c'est une structure par laquelle passe toutes les connexions entre le cerveau et le reste de l'organisme". Et d'illustrer son propos: "C'est comme si on prenait un échangeur avec une multitude de voies arrivant à son niveau. S'il y a un accident, on se rend bien compte que cela perturbe le trafic de toutes les routes aux alentours".
"Une nécrose est une destruction du tissu nerveux, précise quant à lui sur RMC le docteur Jean-Luc Truelle, ancien chef du service de neurologie de l'hôpital Foch. Les conséquences dépendent alors de la durée de la lésion et de son extension. Si la lésion est minime et dure peu de temps, cela peut ne pas donner de séquelles durables. Mais si ce sont des lésions étendues, comme très vraisemblablement le patient décédé, cela peut avoir les conséquences que l'on connaît".