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Evacuation musclée d'un camp de migrants: "Un policier m'a frappé avec sa matraque"

Plusieurs dizaines de migrants installés dans un campement improvisé dans un quartier populaire du nord de Paris ont été évacués de manière assez musclée lundi après-midi par les forces de l'ordre. Sur place, RMC a pu rencontrer certains d'entre eux, rapidement relâchés…

Avant qu’elle ne se transforme en intervention musclée, cette initiative ne devait être qu’un contrôle d’identité au sein d'un campement illégal… C’est en tout cas ce qu’affirme la Préfecture de Police, qui a annoncé lundi avoir évacué 84 migrants, principalement des Syriens, des Soudanais et des Erythréens, aux abords du parvis de la halle Pajol à Paris (18ème arrondissement). Parmi eux, une dizaine de mineurs, trois personnes en situation de demande d’asile (donc bénéficiant d'une autorisation de séjour provisoire) et une grande majorité de personnes, sans aucun titre, en situation irrégulière.

"Personne ne m'a proposé de solutions de logement"

Interrogés en fin d’après-midi, ils ont tous été laissés libres. C'est le cas Samir, 26 ans, originaire du Soudan, qui est sur le territoire français depuis maintenant un an. "Un policier m'a frappé avec sa matraque sur la main, la nuque et la poitrine. Puis quatre policiers m'ont saisi pour me faire entrer de force dans un bus. Une fois au commissariat, on m'a demandé mon nom. J'ai sorti mon formulaire de demande de droit d'asile et je suis ressorti au bout d'une demi-heure", témoigne-t-il.

"On m'a dit de partir mais personne ne m'a proposé de solutions de logement. Je ne sais pas du tout où je vais pouvoir dormir dans les prochains jours", ajoute-t-il. Pour sa part, Mokhtar est ressorti du commissariat avec un gros bandage sur sa main droite, preuve de l'intervention musclée des forces de l'ordre. Il raconte pour RMC comment il a vécu l'évacuation: "Il y a eu un mouvement de foule et les policiers m'ont frappé avec leurs matraques. J'ai très mal au poignet…"

"Le campement va se recréer ailleurs"

Là encore aucune solution de relogement pour cet Erythréen de 23 ans, il a donc passé la nuit dans ce quartier du 18ème arrondissement de Paris, comme la grande majorité des dizaines d'autres migrants. Une situation somme toute logique pour Caroline Maillary, du groupe d'information et de soutien des immigrés: "Ils (les pouvoirs publics) déplacent le problème… Le campement va se recréer ailleurs, c'est évident, parce que les migrants veulent rester groupés. Ils ne veulent pas partir individuellement dans leur coin".

Pour Gérald Briand, élu Front de Gauche à la mairie du 18ème arrondissement, dans cette histoire, le gouvernement est en-dessous de tout: "Ces gens sont des victimes et l'on donne des coups de bâtons à des victimes. C'est hallucinant ! Au-delà du débat de valeurs, et évidemment que l'on n'attend pas de cela que de personnes qui se réclament de la gauche, cela ne fait qu'empirer la situation. Cela ne la résout pas", s'emporte-t-il. C'est pourquoi, tout comme les associations, cet élu réclame des solutions d'hébergement durables pour ces migrants.

M.Ricard avec G.Chièze avec B.Smadja