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Faites taire Carla Bruni-Sarkozy

« Le Parti pris » d'Hervé Gattegno, c'est tous les matins à 7h50 sur RMC du lundi au vendredi.

« Le Parti pris » d'Hervé Gattegno, c'est tous les matins à 7h50 sur RMC du lundi au vendredi. - -

Paris-Match publie un entretien avec Carla Bruni-Sarkozy. Officiellement, le sujet porte sur son action contre l’illettrisme mais il s’agit avant tout d’un nouveau coup de communication politique. Pitié, faites taire la 1ère dame !

Vous vous demandiez si oui ou non Carla Bruni allait prendre part à la campagne de 2012 ? Voilà un suspense autrement haletant que celui de la candidature de DSK ou du ralliement de Nicolas Hulot aux anti-nucléaires. Bravons le secret d’Etat et disons-le : c’est oui ! Mais attention, il faut lire Paris-Match entre les lignes : Carla Bruni concède qu’elle « roulera » pour son mari en 2012… s’il est candidat ! Mais c’est trop tôt pour le dire puisque pour l’instant, son mari, « ne fait que travailler pour les Français ». Elle jure que si elle milite, c’est seulement contre l’illettrisme et elle ne voudrait surtout pas qu’on croie qu’il s’agit d’une « propagande » politique déguisée. Loin de nous cette pensée… Il faut donc féliciter Paris Match d’avoir consacré sa couverture à la noble cause de l’alphabétisation plutôt qu’au mariage princier en Grande Bretagne, qui aurait sans doute été plus vendeur…

C’est bien évidemment de la comm’, mais est-ce vraiment si choquant ?

C’est le jésuitisme (hypocrisie) du procédé qui est agaçant. L’Elysée met en scène l’épouse du président, soit, mais je ne vois pas pourquoi il faudrait faire semblant de ne pas le savoir. D’ailleurs la 2ème salve de ce feu d’artifice (c’est le mot) arrive demain dans Le Parisien, avec un autre entretien, cette fois avec des lecteurs c'est-à-dire des « vrais gens », comme dans l’émission de Nicolas Sarkozy sur TF1. Tout est calculé : depuis quelques mois, l’Elysée a commandé des sondages sur l’image de Carla Bruni et son « potentiel politique », autrement dit sur ce qu’elle peut apporter à son mari d’ici à 2012. En janvier, elle avait dit, déjà dans Le Parisien, qu’elle voulait jouer « un rôle plus actif ». A défaut d’être « la 1ère dame de France », titre qu’on lui donne abusivement, elle sera la 1ère supportrice de Nicolas Sarkozy.

Mais alors pourquoi lui contester le titre de « Première dame » ?

Pourquoi pas « présidente » tant qu’on y est ? C’est un américanisme totalement déplacé dans notre ordonnancement républicain. Aux Etats-Unis, la « first lady » a une fonction de représentation officielle, un budget voté par le congrès et son rôle obéit à des codes très précis. En France, il n'en est rien. Il est même impossible de distinguer clairement les dépenses de la présidence qui relèvent de l’épouse du chef de l’Etat. Ça n’empêche pas le site internet de l’Elysée de consacrer toute une rubrique à Carla Bruni sous le titre « La 1ère Dame de France » en expliquant que toutes celles qui l’ont précédée ont joué un rôle particulier. Mais aucune n’a fait campagne avec son mari. Anne-Aymone Giscard d’Estaing ne s’est montrée que sur les affiches et Bernadette Chirac faisait campagne en Corrèze… mais pour elle-même.

La rumeur sur la grossesse de Carla Bruni est-il un sujet légitime ?

Pour la presse people, sans doute. Et il y a beaucoup de gens (hypocrites) pour la lire. J’ai tendance à penser qu’il faudrait laisser aux intéressés le soin d’annoncer ce genre de choses. Mais à trop mélanger les registres entre le privé et le public, le couple présidentiel s’expose à ce risque. Résultat : cette annonce qui n’était pas prévue vient perturber le joli calendrier médiatique de Mme Sarkozy et c’est le piège. Plus l’Elysée brandit l’argument de la vie privée pour ne pas répondre, plus ça donne l’impression d’une mise en scène supplémentaire. Et beaucoup de Français pourraient trouver que pour eux, l’actualité est moins riche en heureux événements que pour ceux qui les gouvernent.

Ecoutez «le parti pris» du jeudi 28 avril avec Hervé Gattegno et Jean-Jacques Bourdin sur RMC:

Hervé Gattegno