Familles monoparentales en détresse: "Il y a un risque de burn-out parental"

Photo d'illustration - AFP
En 2016, en France, une famille sur cinq est monoparentale. Dans ces familles, un père et beaucoup plus souvent une mère (dans 85% des cas), s'occupe seul(e) des enfants. Des familles parfois trop isolées. C'est pour cela que le gouvernement a lancé en janvier dernier, un test appelé "réseau Parents solos et compagnie". L'objectif: venir en aide à ces familles, à travers tous types d'actions, initiées par les associations ou par les familles elles-mêmes, qu'il s'agisse de soutien scolaire à domicile, de parrainage de proximité, de soutien à la parentalité ou d'aide au départ en vacances.
RMC a rencontré Christelle, mère célibataire de trois filles, qui a pu bénéficier de ce réseau. Une mère qui assure qu'elle avait besoin d'aide. "Etre mère célibataire est un combat. C'est la course quotidienne. Nous devons tout assumer alors que nous sommes seules et pas soutenues". Elle confie aussi "pleurer tous les soirs, une fois que les enfants sont couchés". Difficulté psychologique parfois mais aussi difficulté physique également. A Lille, Sylvie s'occupe chez elle, de trois enfants, de 14, 11 et 6 ans.
"On s'oublie totalement"
"Il ne faut surtout pas lâcher et toujours les surveiller. Mes deux garçons n'arrêtaient pas de se battre entre eux, c'est donc physique, épuisant de les surveiller", témoigne-t-elle sur RMC. Conséquence: "On s'oublie totalement. On ne pense pas à soi parce qu'entre le travail, les enfants et tout ça, on n'a plus le temps". Et Sylvie de donner des exemples concrets: "On ne fait plus les magasins, on ne va plus chez le coiffeur".
Ces familles ont donc besoin d'aide et c'est tout l'objet du "réseau Parents solos et compagnie", testé par Sylvie. Un coup de pouce très pratique comme elle l'explique: "Tout ce qui est petit bricolage à la maison comme changer un robinet par exemple, on ne savait pas faire. Alors que, quand il y a un papa à la maison, il bricole…" L'objectif du réseau est aussi d'être un soutien moral, de faire parler ces mères qui n'en prennent pas le temps. Ce qui a fait beaucoup de bien à Christelle et ses trois filles. "Cela nous permet de pouvoir poser des mots sur ce que l'on ressent, notre souffrance mais aussi de prendre un peu de recul sur sa vie et d'avoir un petit peu de temps libre à soi".
"Que ces mères ne soient pas toutes seules"
Pour Eunice Mangado, directrice des programmes pour l'association Afev, qui pilote le test à Paris dans les 18 et 19ème arrondissement, ce réseau est indispensable. "Il y a un risque de burn-out parental. Quand on est mère célibataire, on a aucun moment à soi. On est complètement happé par la fonction parentale. On a donc essayé de prendre tout cela en considération pour que ces mères ne soient pas toutes seules. Qu'il puisse y avoir une organisation des associations qui, si possible avant le craquage, soit là pour les accompagner".
Juste un petit coup de pouce, c'est ce dont on besoin ces familles selon Oliver Herlemont de l'Union des associations familiales. A Lille, il a piloté le test: "On est toujours extrêmement étonné car ce sont des choses du quotidien, très concrètes. Ce ne sont pas des choses exceptionnelles où on a l'impression qu'il y aura besoin de moyens financiers très importants. Non, c'est juste de l'organisation, de l'aide au quotidien et on à un moment où l'on est totalement dépassé et où l'on crie au secours". Face à un tel succès, Laurence Rossignol, ministre de la Famille, a annoncé ce mardi l'élargissement à tout le territoire de ce dispositif et ce dès la rentrée prochaine.