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Faut-il autoriser la vente de cannabis thérapeutique? Ca fait débat sur RMC

C’est le souhait de plusieurs agriculteurs de la Creuse qui veulent se lancer dans la production de chanvre. Un député socialiste du département a également  fait une demande de dérogation à l’Etat. Sans réponse pour l’instant.

Rien à voir, ici, avec la légalisation du joint: on parle d’usage médicinal. Et ça fait débat. Plusieurs agriculteurs de la Creuse ont fait part de leur volonté de se lancer dans la production de chanvre médicinal. Un traitement qui n'est pas encore légal en France. 

Dans le cannabis, il existe deux substances actives: le THC, substance qui produit l’effet planant et addictif du cannabis, et le CBD, le cannabidiol, qui provoque un effet relaxant ou sédatif. Et il y a une parfaite hypocrisie en France sur cette molécule.

Elle est déjà autorisée à la vente, on la trouve déjà dans certains médicaments, dans les liquides pour cigarette électronique. Mais tout ça n’est bien souvent vendu que sur Internet, et surtout fabriqué à l’étranger.

Pourquoi? Parce que la culture du chanvre, même thérapeutique, est interdite en France. Pourtant, des dérogations existent sur le chanvre. Pour le textile, pour l’huile, pour le bâtiment. Alors pourquoi pas pour les médicaments?

L’addictologue William Lowenstein milite pour une autorisation thérapeutique sur RMC: "C'est privé les patients de recours thérapeutiques et souvent de confort au quotidien, que ce soit pour les plus jeunes avec des crises d'épilepsie rebelles ou pour les plus âgés. Je prendrais l'exemple d'Israël qui ne craint pas de donner certaines molécules du cannabis à ses seniors pour diminuer leur consommation de médicaments, d'anti-douleurs, d'anti-inflammatoires, de somnifères. On améliore le confort des personnes âgées en diminuant les effets secondaires de leur poly-médication habituel".

Le problème reste le manque d'informations sur cette molécule: aucune étude, aucun essai thérapeutique sérieux n’a été pratiqué. On ne peut donc pas parler de médicament ni affirmer qu’il aurait des vertus, selon Nicolas Simon, addictologue à Marseille.

"On ne peut pas dire qu'on est prêt, qu'on connait tout de l'intérêt et des effets indésirables. En France, pour mener des études sur les dérivés du cannabis, c'est extrêmement compliqué. En terme d'autorisations, c'est un stupéfiant, ce n'est pas mission impossible, mais la loi est très dissuasive pour toute étude sur le cannabis aujourd'hui. C'est malheureux à dire mais s'il y a des recherches sur ce sujet-là, on peut penser qu'elles se feront à l'étranger".
De nombreux pays européens et voisins autorisent déjà la prescription de cannabis thérapeutique, comme l'Espagne, le Royaume-Uni, la Suisse, l'Italie, l'Allemagne, la Pologne et toute la Scandinavie.
Matthieu Rouault & X.A