Faux play-boy du web: "Je me suis sentie honteuse, sale…"

Un homme de 68 ans a été mis en examen pour "viols par surprise" car il avait usurpé l'identité d'un jeune homme sur des sites de rencontres - AFP
Un homme de 68 ans se faisait passer pour un play-boy pour coucher avec de jeunes femmes. A Nice, selon Le Parisien, Anthony L. se faisait passer pour un beau brun ténébreux de 37 ans sur des sites de rencontres, et sur les réseaux sociaux afin d'attirer dans son lit de nombreuses conquêtes, de 25 à 50 ans. Mais en réalité, Anthony L. est Michel*, la soixantaine, dégarni et bedonnant. Cet homme, qui usait de ce stratagème depuis 2009, est arrivé à ses fins à de nombreuses reprises. Dès lors, trois plaintes ont été déposées contre lui dont la dernière en juillet 2014, pour "viol par surprise".
Leïla*, la trentaine, est l'une des femmes victimes de ce "papy play-boy". Elle a accepté de témoigner ce mardi sur RMC. "Au départ, j'étais inscrite sur un site de rencontres. Il m'a contacté par ce biais. C'était un très bel homme sur les photos. Il disait être architecte d'intérieur, vivre à Monaco et à avoir 37 ans. Du coup, je ne me suis pas méfiée du tout", se souvient-elle. "On a commencé à discuter par téléphone. Cela a duré pendant deux mois. Il avait une voix 'à la Gérard Darmon', très grave et très rassurante. A aucun moment ne m'est venue à l'idée que ça ne pouvait pas être lui sur les photos".
Un scénario "à la 50 nuances de Grey"
Au fur et à mesure, "une relation de confiance" se met en place: "On parlait de relation de couple et des sentiments ont commencé à naître. Ce qui a fait qu'au bout d'un moment je suis allée chez lui de manière totalement confiante", assure-t-elle. Sur place le scénario est rôdé: "Je devais le rejoindre chez lui et je devais me bander les yeux. Quand je suis entrée, dans le noir, il m'a attaché les mains sur le lit, 'à la 50 nuances de Grey'. Ce qui fait qu'à aucun moment je n'ai pu le voir, ni le toucher".
Mais quand Leïla a-t-elle découvert la supercherie? "Quand il a terminé (sic), il m'a détaché les mains et quand j'ai enlevé le bandeau, il a éteint la lumière. C'est en apercevant sa silhouette dans le noir que j'ai compris parce que le ventre bedonnant ne correspondait pas du tout au physique athlétique de ses photos. C'est là que j'ai pris conscience de son côté pervers et manipulateur".
"Je me suis sentie violée"
Et la jeune femme d'ajouter, encore marquée par cette histoire: "Je me suis sentie honteuse, sale… J'étais en état de choc… Je tremblais, je pleurais… Je me suis sentie violée parce qu'effectivement si j'avais su à un seul moment comment il était réellement, quel âge il avait je ne serai jamais allée chez lui". Leïla décide alors d'aller porter plainte et se rend compte qu'elle n'est pas la seule victime de Michel. Ce qui a le don de l'énerver.
"Quand j'ai su qu'il y avait eu d'autres plaintes, plus anciennes que la mienne, je me suis dit que si la justice les avait entendues à ce moment-là, et avait quelque chose à ce moment-là, aujourd'hui je n'en serais pas là", s'emporte-elle. A noter que l'homme, incarcéré puis remis en liberté sous contrôle judiciaire, a été en contact avec 342 femmes dans toute la France. Il possédait des photos intimes de 200 femmes différentes, d'après les enquêteurs.
*Prénoms modifiés