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Fillon appuie Sarkozy, mais fait entendre sa voix

François Fillon a promis son appui à Nicolas Sarkozy dans la course à l'élection présidentielle de 2012 mais n'en a pas renoncé pour autant à marquer sa différence. /Photo d'archives/REUTERS/Eric Feferberg/Pool

François Fillon a promis son appui à Nicolas Sarkozy dans la course à l'élection présidentielle de 2012 mais n'en a pas renoncé pour autant à marquer sa différence. /Photo d'archives/REUTERS/Eric Feferberg/Pool - -

HANOVRE, Allemagne (Reuters) - François Fillon a promis son appui à Nicolas Sarkozy dans la course à l'élection présidentielle de 2012 mais n'en a pas renoncé pour autant à marquer sa différence.

par Patrick Vignal

HANOVRE, Allemagne (Reuters) - François Fillon a promis son appui à Nicolas Sarkozy dans la course à l'élection présidentielle de 2012 mais n'en a pas renoncé pour autant à marquer sa différence.

Moins impopulaire que le président dans l'opinion, le Premier ministre a fait l'objet d'attaques à peine voilées de la part de son propre camp ces derniers temps.

Accusé par le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, de ne pas "jouer collectif" en émettant des réserves sur le débat sur la laïcité, le chef du gouvernement a été sommé dans la foulée par l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin de réaffirmer sa "loyauté" envers le chef de l'Etat.

François Fillon, désormais désigné régulièrement par des sondages comme le meilleur candidat de la droite devant Nicolas Sarkozy, est en effet suspecté par une frange de la majorité de jouer sa carte personnelle.

Son appel, entre les deux tours des cantonales, à faire barrage au Front national, alors que l'UMP se refusait à donner des consignes de vote précises, a rappelé que le Premier ministre avait son mot à dire et ne s'en privait pas.

De là à penser que François Fillon, qui goûte peu le coup de barre à droite imprimé au débat politique par son ennemi intime Jean-François Copé, pourrait faire obstacle aux ambitions de Nicolas Sarkozy, il n'y a qu'un pas, que Jean-Pierre Raffarin a presque franchi dimanche.

"On ne peut pas avoir dans la Ve République une divergence entre le président de la République et le Premier ministre", a dit l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac, qui bénéficie de l'écoute attentive de Nicolas Sarkozy, notamment sur les questions de politique intérieure.

LOYAUTÉ

François Fillon, qui tient à sa position d'arbitre et ne cesse d'appeler à élever le débat, s'est bien gardé de descendre personnellement dans l'arène et a laissé son entourage faire la mise au point.

"Le président n'a aucun doute sur la loyauté (du Premier ministre) et il a bien raison", a ainsi expliqué un conseiller du chef du gouvernement, actuellement en visite à la foire de Hanovre dont la France est cette année l'invitée d'honneur.

"Il n'a pas varié et comme il l'a dit à plusieurs reprises, il estime qu'il n'y a pas d'autre candidat que le président sortant, comme cela a toujours été le cas sous la Ve République."

François Fillon "ne comprend pas bien l'intérêt" de ces polémiques à répétition qui lui donnent "un sentiment de déjà-vu", ajoute-t-on de même source.

Seul Premier ministre de Nicolas Sarkozy depuis l'accession de ce dernier à la présidence en 2007, le chef du gouvernement a effectivement dit à plusieurs reprises que la majorité devait serrer les rangs derrière le candidat Nicolas Sarkozy.

Il l'a répété depuis sa reconduction lors du remaniement du 14 novembre dernier, marqué par un rééquilibrage du tandem exécutif en sa faveur.

Cela ne l'empêche pas de prendre ses distances avec Nicolas Sarkozy, comme il l'avait déjà fait en faisant savoir que le discours de Grenoble, dans lequel le président avait établi, en juillet dernier, un lien entre immigration et délinquance, n'était pas sa tasse de thé.

François Fillon, qui se revendique du "gaullisme social" incarné naguère par celui qu'il aime à désigner comme son mentor, Philippe Séguin, n'est guère à l'aise avec une stratégie qui consisterait à s'approprier les thèmes du Front national.

DROITISATION

Cette "droitisation", qui dessine clairement une ligne de fracture au sein de l'UMP et souligne les difficultés du parti majoritaire à fédérer toutes les familles de la droite parlementaire, est au coeur du problème, même si certains au gouvernement la considèrent comme une vue de l'esprit.

"Même si vous êtes cynique, vous ne pouvez pas chercher la "droitisation" parce que vous avez dans votre électorat une fibre humaniste, social-démocrate, etc., qui de toute façon n'acceptera jamais un discours ou des actions qui par hypothèse seraient supposées plaire à la partie la plus droitière de l'électorat", souligne un ministre proche de Nicolas Sarkozy.

"La seule chance que vous avez, c'est de tenir les deux bouts", ajoute-t-il.

Décomplexer et rassembler la droite tout entière, tel était le pari qu'avait réussi Nicolas Sarkozy lors de sa conquête du pouvoir en 2007.

La situation apparaît bien différente aujourd'hui. Face à la montée du Front national et à la menace de multiples candidatures de droite ou du centre à la présidentielle de l'an prochain, la majorité a un besoin urgent de hauteur et d'harmonie, comme l'avait rappelé François Fillon lui-même entre les deux tours des cantonales.

"Dans un monde aussi bousculé et agité, nos querelles intérieures apparaissent terriblement décalées", avait-il dit.

Edité par Yves Clarisse

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