Flambée de violences à Saint-Ouen: "Depuis 40 ans, je n'ai jamais connu la ville comme cela"

Saint-Ouen, le 30 avril 2015. - AFP
"Cela fait 40 ans que j'habite ici, je n'ai connu Saint-Ouen comme cela". La phrase est d'Isabelle, une habitante de cette cité de Seine-Saint-Denis de 50.000 habitants, située à quelques minutes en voiture de Paris. Chaque jour, les habitants sont confrontés au trafic de drogue, "un hypermarché à ciel ouvert", peut-être le plus important de France.
Et malgré les renforts de police, la situation ne s’arrange pas selon Sidonie, mère de famille.
"Ce n'est pas uniquement avec des CRS qu'on va régler les choses. C'est ce que l'on a déjà depuis plusieurs mois. Et il ne se pas grand-chose à part que la ville a été le théâtre de faits de violence qu'on ne connait pas habituellement. Saint-Ouen, ce n'est pas cela".
"Je suis père de trois enfants et je m'inquiète pour eux"
Parmi les mesures annoncées par le maire de Saint-Ouen, l’extension prochaine de la vidéosurveillance aux quartiers gangrénés par le trafic de drogue.
"On fait toujours attention", témoigne David, habitant de la cité Cordon, excédé par la situation. "Je suis père de trois enfants et je m'inquiète pour eux. Jusqu'à maintenant, j'étais bien. Mais aujourd'hui j'ai peur".
Face à la montée de la violence, le Collectif de mère de famille Saint-Ouen Debout a manifesté ce dimanche. Faïza, 27 ans mère de famille, et membre du collectif. "Notre message est clair : travailler avec les politiques publiques, le maire, le préfet, le ministre", explique-t-elle. "Il y a des choses très simples qui peuvent être mis en place rapidement, notamment rétablir l'éclairage dans les quartiers. Il y a des quartiers qui sont dans le noir.
"Jusqu'à présent, je n'avais pas peur", poursuit-elle. Mais vu l'escalade de la violence, on se pose des questions. Vendredi, quand ça a tiré dans le quartier Arago, les jeunes du quartier jouaient au foot, ils étaient 20h. Les victimes sont multiples."