Fleury-Mérogis: "Tous les surveillants se sont mis à taper mon mari, nu, au sol"

Prison de Fleury-Merogis. - AFP
Des gardiens violentent-ils des détenus dans le quartier disciplinaire de Fleury-Mérogis ? Deux nouvelles plaintes contre X pour violences volontaires ont été déposées mardi 16 juin de la part de détenus du Quartier Disciplinaire (QD) de la prison du Val-de-Marne. C'est l'association Robin des Lois, qui a encouragé les détenus à porter plainte. Elle a recueilli des récits de détenus, a constaté des blessures (coups à la tête, entaille du cuir chevelu) et pointe du doigt "le silence de l'administration".
"Un gradé a dit à ce moment-là 'allez on le couche'"
Ces deux plaintes se rajoutent à celle déjà déposées par Younesse, incarcéré pour braquage et actuellement détenu en quartier disciplinaire, et qui avoir été roué de coups par une équipe de surveillants, fin mars. "Pendant la fouille à nu, un gradé lui a mis un gros coup avec sa main ouverte entre sa nuque et sa tempe. Il a dit à ce moment-là 'allez on le couche'. Et là tous les surveillants se sont mis à taper et à rouer de coups mon mari, nu et au sol", raconte sur RMC son épouse, Léïla. "Je fais la part des choses, ce ne sont pas tous les surveillants qui font ça, mais cette équipe-là l'a fait, et elle a brisé mon mari. Depuis, ce n'est plus le même homme. Sa souffrance est permanente", se désole-t-elle.
"Une peine exécutée dans ces conditions n'a plus aucun sens"
"Ce qu'on cherche à obtenir avec ces plaintes, c'est d'abord dire qu'il n'est pas normal ni légitime que de telles violences soient commises", explique Olivier Arnod, avocat des trois plaignants. "Il est insupportable que des violences soient commises par des représentants du ministère de l'Intérieur. Une peine exécutée dans ces conditions n'a plus aucun sens. Nous souhaitons que notre plainte aboutisse à un jugement afin que de telles violences ne perdurent pas dans le système pénitentiaire français".
"99,9% des surveillants pénitentiaires sont exemplaires"
Mais pour Stéphane Barraut est le secrétaire général de l'UFAP-UNSa Justice, de telles violences sont extrêmement minoritaires. "A 99,9% les surveillants pénitentiaires sont exemplaires. Ils travaillent dans des conditions difficiles. Il peut y avoir de temps en temps des dérapages, qui sont sanctionnés, mais comme dans toutes les professions". "Il faut être extrêmement prudent dans ce type d'affaires. Attendons la décision de justice", demande Stéphane Barrault.