François Fillon appelle l'UMP à modérer ses ardeurs

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par Patrick Vignal
PARIS (Reuters) - L'insistance de l'UMP à relancer le débat sur les 35 heures ou le statut des fonctionnaires n'est pas du goût de François Fillon.
Le Premier ministre, qui aime à se hisser au-dessus de la mêlée, a appelé lundi dans ses voeux à la presse le parti majoritaire à la modération sur ces deux fronts, laissant clairement entendre qu'il aimerait continuer sa politique de réformes sans interférences émanant de son propre camp.
Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, et le président de son groupe à l'Assemblée nationale, Christian Jacob, ont ainsi entendu celui qui fait un peu figure de maître d'école de la majorité les appeler à plus de raison.
Le premier, peu avare de son temps de parole depuis qu'il a pris le contrôle de l'UMP, a proposé de relancer le débat sur les 35 heures, dans la foulée du député socialiste Manuel Valls, qui avait dit vouloir "déverrouiller" un dispositif symbolique du gouvernant socialiste de Lionel Jospin, entre 1997 et 2002.
Ce débat, qui divise aussi bien le PS que la majorité, mais pour des raisons différentes, est "utile", a jugé François Fillon, se rangeant ainsi derrière Nicolas Sarkozy, qui a estimé que le sujet n'était pas tabou.
Pour autant, ajoute le Premier ministre, légiférer à nouveau sur le sujet n'est pas forcément une bonne idée.
"Une mesure autoritaire visant à augmenter le temps de travail ne serait pas opérationnelle", a-t-il dit. "Cela ne peut se passer qu'au niveau de l'entreprise, pas au plan national."
Le gouvernement ne remettra notamment pas en cause les allègements de charges consenties aux entreprises dans le cadre des 35 heures, a assuré François Fillon.
"NE PAS RADICALISER LES OPPOSITIONS FACTICES"
"Je veux dire aux entreprises qu'il est hors de question de remettre en cause ces allègements qui sont un élément clé de notre compétitivité", a-t-il dit.
"Les allègements de charges permettent aux entreprises de tenir debout malgré les RTT", a-t-il ajouté, en soulignant que "ces allègements financent moins les 35 heures qu'ils ne soutiennent aujourd'hui les emplois peu qualifiés".
Les oreilles de Christian Jacob ont sifflé plus fort encore que celles de Jean-François Copé, auquel il a succédé à la tête du groupe UMP à l'Assemblée nationale.
Christian Jacob vient de secouer un marronnier en s'interrogeant sur "la pertinence de l'embauche à vie des fonctionnaires", une sortie qui a agacé François Fillon.
"Ce débat ne me paraît pas franchement utile", a lâché le Premier ministre, qui a été reconduit à Matignon en novembre dernier et a appelé la majorité à l'union sacrée derrière Nicolas Sarkozy dans la course à la présidentielle de 2012.
"Que la fonction publique ait besoin d'être encore modernisée est certain mais il ne faut pas radicaliser des oppositions factices", a-t-il dit. "Il ne faut pas laisser entendre que l'Etat distribuerait des rentes à vie."
François Fillon n'a pas fait que tancer les élèves bruyants de l'UMP, mettant en garde contre les "deux radicalités" représentées selon lui par l'opposition socialiste et l'extrême droite du Front national qui, selon lui, vont faire entendre leurs voix de plus en plus fort à l'approche de 2012.
Il s'est une nouvelle fois fait le chantre de l'assainissement des finances publiques et a réaffirmé les objectifs de la France en matière de réduction des déficits.
Il a également pris la défense de la monnaie unique, alors que les crises budgétaires de certains pays de la périphérie de la zone euro continuent d'agiter les marchés financiers. Un sujet qu'il ne manquera pas d'évoquer cette semaine lors d'une visite officielle à Londres.
"La volonté des pays membres de la zone euro est forte", a dit le Premier ministre. "L'ampleur des mesures qui ont été adoptées ces derniers mois ou qui sont en cours d'adoption le prouve. L'euro, c'est un projet irrévocable".
Avec Emile Picy, édité par Yves Clarisse