François Hollande fragile favori de la primaire socialiste

François Hollande fragile favori de la primaire socialiste - -
par Elizabeth Pineau
PARIS (Reuters) - A six semaines de la primaire socialiste, François Hollande garde l'habit de favori pour affronter Nicolas Sarkozy en 2012, un statut fragile face à des concurrents déterminés à faire mentir les sondages.
Leader des enquêtes de popularité depuis plusieurs semaines dans la perspective de la primaire, le député de Corrèze a creusé l'écart sur Martine Aubry dans un sondage Harris Interactive paru mercredi dans Le Parisien.
Il y devance la maire de Lille de 14 (pour les sympathisants de gauche) à 19 points (pour les sympathisants socialistes).
Cette photographie de l'opinion n'inquiète "pas vraiment" le camp Aubry "tant on sait que les choses vont se jouer dans les 50 derniers jours qui viennent", note le député Olivier Dussopt, qui critique en outre des "méthodologies contestables".
Les sondeurs eux-mêmes restent prudents, à l'image de Jean-Daniel Lévy, pour qui tout peut "évidemment" évoluer.
"Il serait présomptueux de croire que les choses sont faites, ou alors ce serait nier toute possibilité à la campagne", a dit à Reuters ce responsable de Harris Interactive.
L'intérêt exprimé actuellement par des Français pour les différents candidats ne va selon lui pas forcément de pair avec ce qui va se passer dans les urnes.
"La primaire suscite un regain d'intérêt mais nombre de Français n'ont pas encore compris qu'il y avait une participation qui dépassait le cadre du parti", explique-t-il. "Et on ne peut pas dire que ceux qui pensent aller voter ont arrêté de manière définitive et concrète leur jugement".
Pour se forger une opinion, les Français pourront puiser dans les livres-programmes publiés par quatre des cinq candidats PS ou dans la lettre aux Français diffusée par Martine Aubry.
"LES JEUX NE SONT PAS FAITS"
Au moins trois débats télévisés entre les six candidats - cinq socialistes et le président du Parti radical de gauche Jean-Michel Baylet - auront lieu d'ici le 9 octobre, date du premier tour de la primaire ouverte à tous les inscrits sur les listes électorales. Si un deuxième tour était nécessaire, il aurait lieu le 16 octobre.
Le Parti socialiste espère réunir plus d'un million de votants, soit cinq fois plus que la primaire de 2006 alors réservée aux seuls militants socialistes.
D'ici là, beaucoup d'eau peut couler sous les ponts, reconnaît-on jusque dans le camp du favori Hollande.
"Les jeux ne sont pas faits", dit ainsi Michel Sapin. "Cette campagne n'est pas acquise, pas définie, pas terminée, il faut la mener et la mener dignement par respect pour les concurrents et par respect pour les Français".
S'il reconnaît que "ce n'est pas désagréable d'être en tête", le député souligne aussi les dangers de cette position : "Tout ce que François Hollande peut dire aujourd'hui sera retenu pour lui ou contre lui demain dans la seule confrontation qui compte, celle contre Nicolas Sarkozy".
A trois jours de l'université d'été de La Rochelle, les socialistes se sont réunis mardi pour arrêter une position commune sur la conduite à tenir face à la crise.
Une façon d'aplanir les divergences récemment exprimées, notamment face à la "règle d'or" budgétaire que l'Elysée veut faire adopter par le Parlement.
Ce qui ne devrait pas empêcher le ton de monter à nouveau dans les jours qui viennent, aussi bien du côté d'outsiders déterminés à faire entendre leur différence que des deux favoris.
Des bisbilles de bonne guerre, souligne-t-on dans le camp Aubry.
"La bataille contre Nicolas Sarkozy sera rude, acceptons que dans cette primaire on puisse marquer ses différences, sinon il n'y aurait qu'un candidat", explique Anne Hidalgo, adjointe au maire de Paris.
Edité par Yves Clarisse