François Hollande s'engage à lever le secret défense sur Karachi

François Hollande - -
PARIS (Reuters) - François Hollande s'est engagé lundi, s'il devenait chef de l'Etat, à lever le secret-défense dans l'affaire de l'attentat anti-français de Karachi, à condition qu'il n'attente pas à la "sûreté de l'Etat", ont annoncé les familles des victimes.
L'enquête menée en France sur cet attentat, qui a tué en mai 2002 au Pakistan quinze personnes dont onze Français travaillant à la construction de sous-marins, a débouché sur une affaire de corruption présumée où plusieurs proches de Nicolas Sarkozy sont mis en examen pour de supposées malversations lors de la campagne présidentielle de 1995.
Elu président en mai prochain, François Hollande accorderait la levée du secret-défense sur "tout ce qui concerne l'affaire elle-même oui, mais par sur ce qui remettrait en cause les intérêts supérieurs de la Nation", a précisé à Reuters son porte-parole Bernard Cazeneuve.
Bien que le gouvernement actuel ait déjà consenti à plusieurs reprises à lever le secret-défense sur des documents, les familles des victimes de cet attentat dénoncent des "entraves et obstructions systématiques" à la manifestation de la vérité et estiment que la lumière n'a pas été faite sur tous les documents en possession de l'Etat.
Le candidat PS, qui a reçu les familles et les proches des victimes de l'attentat de Karachi à son QG de campagne, s'est également engagé à garantir l'indépendance des juges et à élargir aux familles des tués la "protection statutaire", c'est-à-dire la prise en charge par l'Etat des frais de justice liés à l'affaire, déjà accordée aux blessés de l'attentat.
TROIS PROCÉDURES
"(François Hollande) s'est engagé sur la levée du secret défense sur les documents qui vont intéresser Karachi (...), il s'est engagé sur le fait que la protection statutaire qui est accordée aux blessés nous soit également accordée, et il s'est engagé enfin en dernier point à laisser les juges travailler en toute indépendance", a dit aux journalistes Magali Drouet, l'une des porte-parole du collectif des familles de victimes de l'attentat de Karachi.
"Pour nous évidemment, une alternance politique pourrait nous aider (...) à avancer dans ce dossier," a-t-elle ajouté.
Les proches des victimes de Karachi se sont dits satisfaits et ont rappelé qu'ils n'avaient été reçus qu'une seule fois par le chef de l'Etat, en avril 2008, avant que la piste de la corruption ne soit mise à jour.
"À partir du moment où des éléments ont mis en cause des proches du chef de l'Etat actuel (...), il n'a plus été question de nous recevoir", a dit Magali Drouet.
Trois procédures sont ouvertes dans ce dossier.
Une instruction est conduite à l'antiterrorisme pour découvrir les auteurs de l'attentat, une autre est menée par deux juges financiers sur une éventuelle corruption en marge d'une vente de sous-marins au Pakistan. La dernière, pour homicides et blessures involontaires, vise la Direction des constructions navales (DCN).
"Le seul combat qui est le notre ensemble (...), c'est d'essayer de faire en sorte que la vérité prévale", a dit à la presse Bernard Cazeneuve.
Il a dit refuser que ce dossier soit "instrumentalisé" dans la campagne présidentielle, soulignant que les familles elles-mêmes avaient demandé a être reçues par François Hollande.
Chine Labbé, avec Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse et Gilles Trequesser