François Hollande se place "sérieusement à gauche"

François Hollande s'est présenté mardi comme un candidat "sérieusement à gauche", testant les formules de son grand rassemblement de mercredi à Rennes, annoncé comme un "temps fort" de sa campagne. /Photo prise le 3 avril 2012/REUTERS/Jacky Naegelen - -
par Elizabeth Pineau
BLOIS, Loir-et-Cher (Reuters) - François Hollande s'est présenté mardi comme un candidat "sérieusement à gauche", testant les formules de son grand rassemblement de mercredi à Rennes en compagnie de Ségolène Royal, annoncé comme un "temps fort" de sa campagne.
Lors de réunions publiques en plein air à Tours puis à Blois, le candidat socialiste à l'élection présidentielle n'a pas ménagé ses attaques contre Nicolas Sarkozy tout en se présentant comme l'homme qui saura répondre aux "urgences".
"Je suis sérieusement de gauche, mais je suis pour une gauche sérieuse (...) celle qui ne se détournera pas de ses engagements", a-t-il dit devant le château de Tours.
Il s'en est expliqué ensuite devant la presse : "La gauche ne doit pas être trop sérieuse, elle doit être sérieuse et elle doit être sérieusement de gauche, c'est-à-dire pleinement à gauche, pleinement consciente des urgences, pleinement à l'unisson d'un certain nombre de forces".
D'ici le 6 mai, "je dois être dans le bon ton, dans le bon rythme pour arriver au bon moment, au bon endroit. Vous voyez, tout ça, ça suppose d'être bon", a-t-il ajouté.
Devant plus de 10.000 personnes à Rennes mercredi soir, François Hollande expliquera ce qu'il fera concrètement durant le premier semestre de sa présidence s'il est élu, explique une de ses porte-parole, la députée Delphine Batho.
Présenté comme un "temps fort" des dernières semaines de campagne au même titre que celui du 15 avril à Vincennes, le rassemblement breton sera l'occasion d'un passage de témoin entre la candidate de 2007, Ségolène Royal, et celui de 2012.
Une femme et un homme aux destins singuliers qui se sont rencontrés à l'Ecole d'administration (Ena), ont mené des carrières politiques parallèles et ont eu quatre enfants ensemble avant de se séparer avant la dernière présidentielle.
"Ségolène Royal a été candidate la dernière fois, elle a porté notre espérance, elle est aujourd'hui pleinement dans la campagne que je mène", a dit François Hollande à la presse à Tours. "Tous ceux qui veulent la réussite sont mobilisés".
PAS DE BRIC-À-BRAC
Ségolène Royal a fait face à Nicolas Sarkozy "une campagne courageuse, difficile, elle a souffert de ne pas avoir l'unité suffisante derrière elle", a ajouté le député de Corrèze. "Cette fois-ci l'unité est totale et elle est plus qu'aucune autre consciente de l'enjeu du rassemblement".
A Tours comme à Blois, où sont à chaque fois venus l'applaudir plus de 1.500 personnes, le candidat PS a brocardé Nicolas Sarkozy, qui s'apprête à présenter son programme.
"Jeudi, il nous annonce son projet, j'ai pensé qu'il allait le faire après le 6 mai", a-t-il plaisanté.
"La surprise on l'a déjà eue, et elle est mauvaise !", a-t-il ajouté. "Autant de propositions pour quoi faire, pour cacher quel bilan en définitive ?"
Un oeil sur la courbe d'intentions de vote pour le candidat du Front de Gauche Jean-Luc Mélenchon, qui flirte avec les 15%, François Hollande a estimé que "capter la colère, prononcer une sanction" ne saurait suffire pour diriger la France.
"La gauche c'est une espérance", a dit celui qui répète vouloir "être au plus haut au premier tour pour être victorieux au second".
Pour cette phase ultime, François Hollande a pris le parti de ne pas changer de style malgré une campagne pointée du doigt pour son manque d'éclat, au nom d'une cohérence face à la crise et en contraste avec les "zigzags" Nicolas Sarkozy.
"Je ne vais pas faire du bric-à-brac, de l'improvisation, de la prestidigitation, sortir une proposition de ma poche", a-t-il expliqué mardi à la presse. "Ce que les Français recherchent c'est de la vérité, de la sincérité, de la cohérence".
Le changement, ce sera "tout de suite", "dès le premier jour", a-t-il promis à Blois. "Nous ne vous décevrons pas, nous agirons tout de suite, nous aurons notre calendrier jusqu'aux élections législatives - pensez bien à nous donner une majorité à l'Assemblée nationale, (sinon) nous aurions l'air de quoi !"
Edité par Yves Clarisse