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Frauder dans les transports va devenir plus risqué

TÉMOIGNAGE - Vérification poussée de l'identité du fraudeur, hausse des amendes, peines accrues pour les récidivistes… Le gouvernement a annoncé plusieurs mesures ce lundi pour lutter contre la fraude dans les transports en commun, qui coûte 500 millions d'euros par an aux transporteurs.

Sus à la fraude ! Parmi les cinq mesures annoncées lundi par le gouvernement pour améliorer la sécurité dans les transports, après l'attaque avortée du Thalys en août dernier, l'une d'entre elle concerne la lutte contre la fraude. A cause des usagers qui ne paient pas leurs billets de trains, de métro ou de bus, les transporteurs perdent 500 millions d'euros par an, dont 300 millions pour la SNCF et 100 millions pour la RATP, la Régie des transports parisiens.

"On peut inventer n'importe quoi", raconte un fraudeur

Le gouvernement veut notamment s'attaquer aux petits malins qui donnent de mauvaises adresses lorsqu'ils sont pris par les contrôleurs, évitant ainsi de payer leur amende. RMC a rencontré Axel. Ce jeune homme d'une vingtaine d'années est ce qu'on peut appeler un fraudeur professionnel, rarement avec son billet, que ce soit dans le métro ou dans le train. Il sait parfaitement garder son calme et quoi dire pour éviter l'amende. Première règle immuable: ne pas donner son nom lors d'un contrôle. "On peut inventer n'importe quoi. Il m'arrive de dire 'je m'appelle David Train'", sourit-il, pas peu fier. Deuxième impératif, donner une fausse adresse: "L'adresse d'un copain, ou une adresse qu'on connaît dans la ville où on habite. Après il faut juste inventer un étage, un numéro". De toute façon, "la fin justifie les moyens", estime-t-il, même s'il reconnaît : "J'ai toujours eu beaucoup de chance".

"Améliorer le taux de recouvrement"

Si Axel va jusqu'à s'inventer une fausse identité, la plupart des fraudeurs donnent juste une fausse adresse. Aujourd'hui, seul 14% des contraventions sont effectivement payé à la RATP. Alors pour mettre un terme à cette pratique et retrouver les contrevenants, les transporteurs pourront désormais demander à l'administration de vérifier les adresses, grâce au fisc ou à la Sécurité sociale. Une mesure espérée depuis longtemps par Elisabeth Borne, la PDG de la RATP. "On voit que quand on peut accéder aux fichiers, notamment fiscaux, et avoir accès aux bonnes adresses, on améliore le taux de recouvrement", explique-t-elle. Mais pour la Ratp, "l'enjeu est moins d'augmenter le taux de recouvrement que le fait d'éviter que les voyageurs sachent qu'en donnant des adresses farfelues, ils n'auront pas d'amende". 

De la prison pour les récidivistes

Et pour inciter les personnes à payer l'amende immédiatement, les frais de dossier, qui s'ajoutent à la contravention, seront augmentés. Les récidivistes sont aussi dans le viseur. Dorénavant, vous risquerez 6 mois de prison et 7.500 d'euros d'amende à partir de 5 contraventions en moins d'un an, contre 10 contraventions aujourd'hui. Toutes ces mesures feront l'objet d'une proposition de loi déposée dans les prochaines semaine. Elle passera en procédure accélérée à l'Assemblée dès la fin du mois de novembre.

Philippe Gril avec Barthélémy Bolo