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Fugitif armé caché dans les Cévennes: pourquoi la traque des gendarmes prend-t-elle autant de temps?

La traque continue: l'homme de 29 ans reste introuvable depuis qu'il a tué son patron et un collègue dans une scierie du village de Plantiers, mardi matin.

"Je l'appelle à revenir à la raison": le procureur de Nîmes a exhorté mercredi le fugitif des Cévennes à se rendre, après 36 heures de traque de cet homme lourdement armé qui a disparu dans la forêt après avoir tué son patron et un collègue.

"Il est peut-être en mesure de m'entendre" et "j'aurais des messages à lui passer", a déclaré Eric Maurel, en s'adressant à la presse dans le village voisin de Saumane mercredi en début de soirée: "Je l'appelle à revenir à la raison, à déposer les armes, et à venir s'expliquer sur son passage à l'acte dans le cadre d'une reddition pacifique".

Ce jeudi, c'est finalement le père du tireur présumé qui a pris la parole dans un message vibrant, appelant son fils, Valentin, à poser les armes. 

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"Un comportement assez inquiétant de type paranoïaque"

Le double meurtre s'est déroulé mardi matin peu avant 8h dans une scierie du village alors qu'il venait tout juste d'arriver au travail. L'homme sort une arme et tue son patron ainsi qu'un de ses collègues avant de prendre la fuite.

Le meurtrier présumé, âgé de 29 ans et licencié dans un club de tir, a une "personnalité très particulière, très procédurière", a précisé mardi le procureur d'Alès François Schneider, évoquant "un comportement assez inquiétant de type paranoïaque" depuis quelque temps, lors d'un point presse tenu dans la localité voisine de Saumane.

Il avait connu des conflits avec l'ancien maire du village et "était également en conflit avec son employeur pour des problèmes d'horaires de travail", a ajouté François Schneider. Et ce serait une simple réflexion de son patron qui aurait provoqué la folie meurtrière de cet homme.

Sur la base du témoignage direct d'un 3e employé de la scierie qui a assisté à la scène, le magistrat a fait un récit glaçant des faits: vers 8h, "l'employé n'a pas salué son patron qui le lui a fait remarquer, mais gentiment".

Ce jeudi, nos confrères de Midi Libre diffuse sa photo.

Equipé comme un "chasseur"

Entre-temps, le tireur est revenu chez lui. Il y a récupéré une 2e arme et s'est équipé comme un chasseur pour "résister au froid et aux intempéries", a rapporté Eric Maurel. Lors des perquisitions à son domicile, une douzaine d'armes ont été retrouvées et 3.300 munitions de tous calibres.

Le suspect, au profil complexe, adepte de la chasse et du tir sportif et qui aurait aimé être tireur d'élite dans l'armée, a au moins deux armes avec lui, "une arme de poing et une arme longue dont les caractéristiques laissent envisager une dangerosité toute particulière" avec une portée potentielle de 300 mètres, a ajouté le procureur.

Depuis mardi matin, des centaines de gendarmes et une demi-douzaine hélicoptères se relaient pour passer au peigne fin une zone forestière de 15 km2.

Le jeune homme âgé de 29 ans est "déterminé" et "connaît parfaitement" le terrain, a ajouté le colonel de gendarmerie Laurent Hass, reconnaissant: "Il a cet avantage sur nous". "Le compartiment de terrain sur lequel nous agissons est très vaste", des montagnes, des "couverts forestiers denses" avec de nombreuses grottes, a ajouté le colonel.

Depuis le début des recherches, un dispositif exceptionnel est en place, avec 300 gendarmes mobilisés, appuyés du GIGN, d'équipes cynophiles et notamment de chiens de race Saint-Hubert, dont les capacités olfactives de pistage sont supérieures à celles des autres races. Les enquêteurs de la section de recherches de Nîmes ont également fait appel à un binôme de cartographes. 

Dans le bourg tranquille des Plantiers, l'ambiance reste très angoissante pour les 260 habitants. Il leur est conseillé de sortir le moins possible, au cas où le fugitif, marié à une enfant du village avec qui il a eu un enfant, reviendrait sur place. 

L'avenir aux Plantiers sera de retrouver une possibilité de "bien commun et de vivre-ensemble", a insisté le maire: les familles des victimes et du tueur se connaissent et certains de leurs membres travaillent même ensemble à la mairie. 

Maxime Levy (avec J.A.)