RMC

Geneviève Garrigos (Amnesty): "Pourquoi continue-t-on à livrer des armes à l'Arabie saoudite ?"

La présidente d'Amnesty international France a dénoncé ce lundi sur RMC la remise de la légion d'honneur par François Hollande au prince héritier d'Arabie Saoudite. Une décoration qui pose également selon elle la question des ventes d'armes de la France aux Saoudiens.

C'est une décoration qui a été faite en toute discrétion, pour ne pas dire en catimini. La remise par François Hollande de la légion d'honneur, vendredi, au prince héritier d'Arabie Saoudite Mohammed ben Nayef a provoqué un tollé. Politiques de tous bords, intellectuels, mais aussi ONG ont fustigé une telle décoration, octroyée dans la plus grande discrétion par l'Élysée, qui ne l'avait pas annoncée.

"70 exécutions en Arabie Saoudite depuis le début de l'année"

Invitée ce lundi de Jean-Jacques Bourdin, la présidente d’Amnesty international France, Geneviève Garrigos, a fait part de sa stupéfaction: comment peut-on remettre la Légion d'honneur à une autorité de ce pays ? "L'Arabie Saoudite est un pays qui, en 2011, a réprimé sauvagement les manifestations au Bahreïn avec son armée ; c'est un pays qui utilise ses armements contre la population yéménite ; et à l'intérieur du pays, il y a des violations massives des droits humains - 70 exécutions en Arabie saoudite depuis le début de l'année -", rappelle-t-elle d'abord. En 2015, selon un décompte de l'Agence France Presse et d'Amnesty International, entre 151 et 153 personnes ont été exécutées par le royaume.

"La France ne respecte pas ses engagements sur les ventes d'armes"

Geneviève Garrigos rappelle également que "le gros sujet abordé pendant cette visite officielle a été le contrat de 3 milliards d'armes livrées à l'Arabie Saoudite". Une livraison effectuée "malgré les engagements pris par la France avec le Traité sur le commerce des armes (TCA, qui veut réguler les ventes d'armes et les rendre plus transparentes, NDR)" et l'embargo décidé fin février par l'Union européenne sur les ventes d'armes au royaume.

"Mais pourquoi continue-t-on aujourd'hui à vendre des armes aux Saoudiens ? On le sait, il y a des raisons économiques, et des raisons de lutte anti-terroriste, mais comment la France peut-elle aller contre ses engagements ?", interroge la présidente d'Amnesty France, qui pose d'autres questions : "Pourquoi la France n'exige pas davantage sur les droits humains ? Pourquoi n'exige-t-elle pas la fin du bombardement de la population yéménite ?"

P. G. avec JJ. Bourdin