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Grève des médecins : "Ils ne sont pas obligés de paralyser tout le monde"

Les médecins ont entamé leur deuxième semaine de grève

Les médecins ont entamé leur deuxième semaine de grève - PHILIPPE HUGUEN / AFP

Médecins généralistes, spécialistes, rejoints par SOS Médecins, ont entamé lundi leur deuxième semaine de grève qui doit se poursuivre jusqu'à mercredi. Mais le mouvement commence à avoir des conséquences. Par exemple, à l’hôpital Nord de Marseille le personnel enregistre environ 15% de patients en plus par rapport à d’habitude à la même période. Reportage.

Taxés de mener "une grève Courchevel" (s'afficher grévistes alors qu'ils se prélassent aux sports d'hiver) les médecins revendiquaient lundi, comme la semaine dernière, une mobilisation massive, "avec jusqu'à 80% et 100% de débrayage", selon la CSMF, principal syndicat. Car depuis le 23 décembre médecins généralistes et spécialistes, rejoints ce lundi par SOS Médecins, sont en grève afin de dénoncer le projet de loi santé. Ils demandent notamment une revalorisation du tarif de la consultation et l'abandon du tiers-payant généralisé.

"Ce n'est pas la solution première"

Mais cette grève provoque une explosion du nombre d’appel au 15. Ainsi, selon Samu Urgence France, il y a actuellement 50% d’appels en plus dans les grandes villes. Autre conséquence : les urgences sont débordées. C'est le cas par exemple à l’hôpital Nord de Marseille le personnel enregistre environ 15% de patients en plus par rapport à d’habitude à la même période, comme l'a constaté RMC.

Preuve en est avec Mehdi, atteint d'une simple gastro, qui n'a pas trouvé de médecin réquisitionné. "J'ai appelé mon généraliste, il ne pouvait pas me recevoir car il faisait grève. Il ne recevait personne. Et SOS Médecins ne répondait pas… Je suis donc obligé de me rendre dans les hôpitaux". Une situation que Mehdi ne trouve pas "normale". S'il dit "comprendre les revendications des médecins", il estime que la grève "n'était pas la solution première : ils ne sont pas obligés de faire un blocus et de paralyser tout le monde".

"Si la semaine prochaine…"

Zahia, elle aussi, a été obligée d’emmener son fils aux services des urgences de cet établissement alors qu'il n'avait qu'une simple gastro. "J'ai appelé mon médecin généraliste pour lui dire de passer à domicile voir mon fils qui avait des spasmes et vomissait mais il m'a répondu que c'était impossible car tout le monde est en grève. On a appelé SOS Médecins qui nous ont répondu la même chose".

Le professeur Antoine Roch, chef des urgences, confirme dans Bourdin Direct que depuis trois jours il y a un afflux supplémentaire de patients pour de petites pathologies. "C'est 10-15% de patients en plus qui viennent essentiellement pour des angines, des gastros ou des rhinos." Et d'assurer que "sur une semaine comme celle-ci, en cours de vacances scolaires, cela se ressent modérément. Mais si la semaine prochaine le conflit perdure, les hôpitaux risquent d'être saturés". Or, d'ores et déjà, deux syndicats de médecins appellent à la poursuite de la grève les 5 et 6 janvier.

Maxime Ricard avec Lionel Dian