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Hausse de la consommation de cannabis au lycée: "La beuh, c'est plus facile à trouver qu'avant"

La consommation de drogues, dont le cannabis, est en forte hausse chez les lycéens, selon une étude que vient de publier le ministère de l'Éducation. Fumer des joints semble s'être complètement banalisé, selon des lycéens rencontrés par RMC, au grand dam du personnel éducatif.

La consommation de drogue est en forte hausse chez les lycéens. C'est le résultat de l'étude annuelle que vient de publier le ministère de l’Éducation nationale (via la Depp, Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance). Les incidents "consommation de stupéfiants" représentent désormais 10% du nombre total des incidents recensés dans les lycées généraux ou polyvalents, contre 4% trois ans auparavant, note la Depp.

Et en l'espace de quatre ans, depuis la dernière étude, la proportion des incidents graves liés à l'usage de stupéfiants a plus que doublé. Parmi les "atteintes à la sécurité", la part de la consommation de stupéfiants est ainsi passée de 1,5% en 2010-2011 à 3,8% aujourd'hui.

"Le midi, après les cours, pendant une perm'…"

Et il suffit de se rendre devant un lycée pour constater que fumer du cannabis est bien entré dans les mœurs. RMC a rencontré Romain et Barnabé, deux lycées de 16 ans. Ils fument déjà plusieurs joints par jour. "A la pause du midi, après les cours, et parfois si on a une heure de perm' (permanence, NDR), on sort pour rouler un joint", déclare, presque fièrement, Romain, entre deux taffes. "La beuh, la ganja, c'est plus facile d'en trouver qu'avant", annonce Barnabé, avant de pouffer dans un rire typique d'adolescent. Pour s'en procurer, ils savent très bien où et à qui s'adresser. "Parfois je m'en procure au lycée, sinon généralement je vais à Paris. Il y en a partout, pas besoin de faire des kilomètres pour trouver un morceau !".

Shéhérazade, élève de seconde, ne compte plus ses camarades qui se sont mis à la fumette. "La jeunesse d'aujourd'hui aime ça, en fait. Ils aiment fumer, ils aiment se détruire et ça ne leur fait pas peur. Pour certains, c'est devenu banal", regrette l'adolescente.

"Une époque plus anxiogène qu'épanouissante pour les jeunes"

Il faut que jeunesse se passe, ça leur passera, un joint n'a jamais tué personne… pourrait-on rétorquer. Mais il y a, au contraire, matière à s'inquiéter, selon Michel Richard, du principal syndicat des chefs d'établissements (SNPDEN). Ce qui interpelle ce directeur d'établissement scolaire, c'est ce qui pousse ces jeunes à basculer dans la drogue. "Il y a d'abord l'époque dans laquelle on vit, qui est plus anxiogène qu'épanouissante. Mais aussi le fait qu'il y ait de plus en plus de familles qui sont en voie de séparation. Il y a aussi la pression de la réussite scolaire qui peut être très forte dans certains milieux, ou le fait qu'un certain nombre de jeunes ne se voient pas d'avenir radieux".

Relâcher la pression scolaire

Pour Michel Richard, tout cela constitue un terreau favorable à la consommation de cannabis ou d'autres drogues chez les jeunes. "Quelque part le fait de ne pas avoir de perspective peut amener un adolescent à aller chercher ailleurs la satisfaction de l'existence qu'il n'a pas". Pour aider ces jeunes à aller mieux et à se détourner du cannabis, il suggère un allègement de la pression des résultats dans les écoles, mais aussi plus de communication entre les parents et les enseignants.

Philippe Gril avec Juliette Droz