Hervé Morin fustige le style "brutal" de Nicolas Sarkozy

Avocat déterminé d'une candidature centriste à la présidentielle de 2012, Hervé Morin critique très durement le style de Nicolas Sarkozy et prône un retour à la "sobriété" à la tête de l'Etat. L'ancien ministre de la Défense s'exprime dans un livre intitu - -
PARIS (Reuters) - Avocat déterminé d'une candidature centriste à la présidentielle de 2012, l'ancien ministre de la Défense Hervé Morin critique très durement le style de Nicolas Sarkozy et prône un retour à la "sobriété" à la tête de l'Etat.
Dans un livre intitulé "Arrêtez de mépriser les Français", le président du Nouveau Centre appelle de ses voeux un "discours de vérité à l'opposé de tous les dangereux débats exhumés ces derniers mois, ces stigmatisations répétées de boucs émissaires, ces convocations d'inutiles nostalgies."
La publication de ce livre intervient au moment où le Nouveau Centre s'apprête à constituer avec le Parti radical de Jean-Louis Borloo et des petites formations une "confédération des centres".
Celle-ci aura vocation à présenter un candidat en 2012 malgré l'opposition de l'Elysée et de l'UMP, qui veulent éviter pour ce scrutin une dispersion des voix de droite et du centre.
Pour Hervé Morin, Nicolas Sarkozy "n'a jamais réussi à se glisser dans l'amidon de sa fonction."
"Au fil des ans, il a construit une représentation du pouvoir à son image : brutale, outrée, parfois indécente", écrit du chef de l'Etat celui qui fut son ministre de la Défense jusqu'en novembre dernier.
La politique d'ouverture du début du quinquennat "n'était
qu'un alibi, en fait la salade qui décore le fond de l'assiette", de même que la diversité au gouvernement , ajoute-t-il.
"MACHINE À BAFFES"
Il évoque au fil des pages "un président qui confond volontarisme et annonce permanente", adepte d'une "stratégie du derviche tourneur", qui "s'adresse à des catégories ou à des clientèles sans souci de cohérence globale".
Le bouclier fiscal, que Nicolas Sarkozy vient seulement de se résoudre à supprimer, est qualifié d'"énorme erreur politique (...) un vrai échec et, pour la majorité, une machine à baffes".
Hervé Morin stigmatise enfin des initiatives comme le débat sur la laïcité et l'islam et les visites symboliques du chef de l'Etat dans les hauts lieux de la chrétienté, dans lesquelles il voit une "agitation ultramontaine".
"Cette instrumentalisation de la religion pour tenter de reconquérir un électorat est insupportable et détestable", dit-il en indiquant que ses trois années passées au gouvernement lui ont "souvent donné le tournis, et l'impression d'un grand gâchis."
Il oppose le style du chef de l'Etat à celui de son Premier ministre François Fillon, dont "la pondération (...), le pesé de son expression rendent plus criant le manque de maîtrise de Nicolas Sarkozy."
"C'est pourquoi le rétablissement de la sobriété à la tête de l'Etat est un sujet clé pour restaurer la confiance entre le pouvoir et les Français".
Il attribue à François Fillon une critique amusée de Nicolas Sarkozy qui se vante de recevoir "un accueil formidable" chaque fois qu'il est dans la rue, le Premier ministre déclarant : "En fait, il parlait de son dernier déplacement en province, où seuls les militants UMP ont le droit d'être au pied des barrières et où les manifestants sont bloqués loin des caméras".
Yann Le Guernigou, édité par Patrick Vignal