Hollande se dit proche de Montebourg sur la finance

François Hollande est d'accord avec Arnaud Montebourg sur la nécessité de reprendre le contrôle politique du système financier dans sa réponse écrite envoyée jeudi au troisième homme de la primaire socialiste en vue de la présidentielle. /Photo prise le 2 - -
PARIS (Reuters) - François Hollande est d'accord avec Arnaud Montebourg sur la nécessité de reprendre le contrôle politique du système financier dans sa réponse écrite envoyée jeudi au troisième homme de la primaire socialiste en vue de la présidentielle.
Les deux finalistes du scrutin interne, François Hollande et Martine Aubry, ont proposé mercredi lors d'un débat télévisé le placement sous contrôle public des banques qui seraient recapitalisées par les deniers publics.
Ils répondaient ainsi aux propositions d'Arnaud Montebourg, qui a obtenu 17,2% au premier tour et a suspendu ses consignes de votes pour le second tour aux prises de positions des deux finalistes.
François Hollande a proposé trois mesures, l'instauration d'un droit de veto de l'Etat quel que soit le niveau de son entrée au capital d'une banque, la séparation des activités de dépôt et d'investissement, et une "mutualisation" des profits qui seraient réalisés par certains établissements.
"Mes propositions pour reprendre le contrôle d'un système qui vacille sont souvent proches des tiennes", dit-il dans sa lettre à Arnaud Montebourg.
Le député de Corrèze dit vouloir faire "la réforme du fonctionnement des marchés financiers qui a été abandonnée en chemin par Nicolas Sarkozy".
"Comme toi, je considère que ce sont les responsables de la crise actuelle, c'est-à-dire les banques et le système financier, qui doivent en assumer les conséquences et non les contribuables", écrit-il.
François Hollande estime que "les institutions financières doivent désormais payer pour sauver la Grèce comme les contribuables européens ont déjà payé pour elles en 2008."
CHANGER LES RÈGLES
Il répète que tout argent public apporté directement ou indirectement à une banque entraînera automatiquement l'entrée au conseil d'administration de représentants de l'État, avec un droit de veto sur les décisions.
Il propose également que les banques qui font des profits financent celles qui ont fait des pertes liées à la spéculation, "par le biais d'un fonds de garantie entre les banques."
François Hollande s'engage également à interdire purement et simplement aux banques les activités spéculatives les plus risquées, notamment les ventes à découvert. "La séparation des banques de dépôts et des banques d'investissement est in fine la meilleure garantie", écrit-il.
Pour changer "les règles du jeu de la finance mondiale", le député de Corrèze entend interdire les pratiques de marché sans rapport direct avec l'économie réelle et encadrer les produits dérivés.
Il propose aussi d'en finir avec la rente dont bénéficient les activités financières en taxant le secteur et ses rémunérations, grâce à la taxe sur les transactions financières.
Troisième proposition: doter les autorités de régulation de vrais pouvoirs. "En Europe, il faut que l'Autorité européenne des marchés financiers devienne le gendarme unique de la bourse, de Londres à Paris en passant par Francfort".
Concernant l'évasion fiscale, sujet cher à Arnaud Montebourg, François Hollande propose de mettre en place une procédure pénale.
Sur le thème de démondialisation défendu par le député de Saône-et-Loire, l'ancien patron du PS reconnaît que "la France qui souffre doit être protégée des excès de la mondialisation", en premier lieu en donnant un coup d'arrêt à la désindustrialisation du pays.
Il est également d'accord pour dissuader les délocalisations par une taxation sur les licenciements et par le remboursement des éventuelles aides publiques et l'intervention du juge en urgence.
François Hollande croit aussi que le droit de la concurrence doit être repensé dans l'Union Européenne et notamment le régime des aides d'Etat.
Gérard Bon