Hollande serein, Fillon incrédule face au "complot européen"

François Hollande en campagne à Nancy. L'équipe de François Hollande a affiché sa sérénité et la droite son incrédulité lundi face aux rumeurs de front conservateur européen ciblant le candidat socialiste à l'élection présidentielle en France. /Photo pris - -
PARIS (Reuters) - L'équipe de François Hollande a affiché sa sérénité et la droite son incrédulité lundi face aux rumeurs de front conservateur européen ciblant le candidat socialiste à l'élection présidentielle en France.
Le Premier ministre français, François Fillon, a dit "ne pas croire un seul instant" à l'existence d'une entente de ce type, que le ministre de l'Economie, François Baroin, qualifie d'"aimable plaisanterie".
La droite dit voir dans cette controverse apparue durant le week-end un problème de crédibilité de François Hollande, qui souhaite renégocier le traité européen décidé à 25 fin 2011.
Pierre Moscovici, directeur de campagne de François Hollande, a pris note du démenti de la chancellerie allemande repoussant les informations de l'hebdomadaire Der Spiegel selon lesquelles Angela Merkel, qui soutient publiquement le président français sortant Nicolas Sarkozy, et ses homologues italien, Mario Monti, espagnol, Mariano Rajoy, et britannique, David Cameron, se sont entendus pour refuser de recevoir le candidat socialiste.
"J'ai un démenti de la chancellerie allemande, considérons que ce démenti est accepté", a dit Pierre Moscovici sur Radio Classique et Public Sénat.
"Nicolas Sarkozy est surtout le candidat des élites conservatrices. Ce n'est pas ça qui va nous traumatiser", a ajouté l'ancien ministre. "Si demain c'est François Hollande le président de la République française il traitera naturellement avec (...) ses homologues et il rencontrera Angela Merkel le lendemain de son installation".
François Hollande, qui est intervenu au congrès du SPD début décembre à Berlin, a fait savoir que l'Allemagne serait sa première destination s'il était élu à l'Elysée le 6 mai.
PAS IMPRESSIONNÉ
Le candidat socialiste, favori des sondages à une cinquantaine de jours du premier tour de scrutin, a prévenu qu'une éventuelle coalition des dirigeants conservateurs européens à son encontre ne "l'impressionnait pas".
"Ce que je veux dire à ces dirigeants, c'est que c'est le peuple français qui va décider de son avenir", a-t-il dit dimanche sur France 3, avant le démenti du gouvernement allemand.
Invité lundi de la matinale d'Europe 1, François Fillon a mis ces rumeurs sur le compte de l'arrogance du candidat PS.
"François Hollande se fait plus gros qu'il n'est. L'idée même que tous ces chefs de gouvernement se téléphonent pour parler de lui est une idée à laquelle personne qui connaît le fonctionnement des Etats ne peut croire un seul instant", a dit le chef du gouvernement.
Même ironie chez François Baroin.
"C'est une aimable plaisanterie, je n'imagine pas un axe de chefs d'Etat contre François Hollande, qui est totalement inconnu sur la scène européenne et internationale, qui n'a pas l'autorité nécessaire pour discuter au niveau des chefs des gouvernement et des chefs d'Etat et qui surtout, par ses positions depuis plusieurs semaines, en quelque sorte les insulte", a dit le ministre de l'Economie sur Canal+.
PAS "DANGEREUX"
A l'image d'Angela Merkel, des dirigeants européens se sont inquiété de la volonté du candidat socialiste de renégocier le traité mis au point dans la douleur entre 25 pays de l'Union, pour le tourner davantage vers la croissance.
François Fillon a pris, à cet égard, l'exemple de l'Italie de Mario Monti, "qui est en train d'imposer à son pays un traitement extrêmement rude, des réformes extrêmement difficiles et il entend de l'autre côté de la frontière un candidat socialiste qui dit aux Français: 'ce n'est pas nécessaire de faire tous ces efforts, c'est pas nécessaire de réduire les déficits, on peut avoir une politique de relance'".
"Autrement dit: 'tout ce que vous êtes en train de faire vous Italiens, moi, si j'étais à la tête du gouvernement français, je demanderais que l'Europe change de politique'. Comment voulez-vous que M. Monti ait envie de recevoir M. Hollande ?", s'est interrogé le chef du gouvernement.
François Hollande s'est rendu mercredi dernier à Londres pour assurer la finance britannique qu'il n'était pas "dangereux". Il a rencontré à cette occasion le chef de l'opposition travailliste, Ed Miliband, mais n'a pas vu le Premier ministre David Cameron.
Il sera vendredi en Pologne.
Elizabeth Pineau, avec Jean-Baptiste Vey, édité par Gilles Trequesser