"Ils provoquent 4000 cancers en France chaque année": vers l'interdiction totale d'ici à 2025 des nitrites utilisés dans le jambon?

DOCUMENT RMC - Un rapport parlementaire présenté ce mercredi recommande le bannissement progressif d'ici à 2025 des sels nitrités, soupçonnés de favoriser l'apparition de certains cancers.

Un rapport de députés confirme la dangerosité des nitrites dans les charcuteries. Les nitrites et les nitrates sont ajoutés dans la charcuterie comme conservateurs et fixateurs de couleur.

Ce sont eux, par exemple, qui donnent la couleur rose au jambon cuit et qui allongent la durée de conservation. Mais d'après les chercheurs interrogés, c'est la réaction chimique entre les nitrites et la viande qui produit des molécules cancérigènes pour l'Homme.

Invité de la matinale ce mercredi, Richard Ramos, député (Modem) du Loiret à l’origine du rapport alerte: "Quand les Français et les Françaises mangent du jambon avec du sel nitrité, il y a un risque de mourir, un risque de cancer".

Le rapport indique que la consommation de charcuterie est à l'origine de plus de 4.000 cancers en France chaque année. Principalement des cancers colorectaux et de l'estomac.

"Les pauvres auraient donc le droit de crever"

Les industriels de la charcuterie défendent pourtant l'utilisation des nitrites. D'abord parce qu'il est moins cher que les techniques alternatives. Autre argument avancé: le risque de développements de maladies comme le botulisme, à cause du manque de conservateur. Un argument, rejeté par les députés car ces mêmes industriels proposent déjà des produits sans nitrites depuis plusieurs années, et aucun incident n'a été relevé.

"Des millions de tanches se sont venues sans sels nitrités donc c’est possible. Mais certains veulent deux alimentations en France: que les pauvres puissent manger une alimentation pas chère mais avec des nitrites et une alimentation plus chère mais sans sels nitrités pour les riches. Les pauvres auraient donc le droit de crever", a expliqué le député ce mercredi.

Les rapporteurs proposent donc une sortie progressive et définitive des nitrites dans les charcuteries, dès 2023 pour les charcuteries sèches et d'ici 2025 pour les jambons blancs.

Vers un accompagnement des acteurs de la filière

"Cette interdiction, qui exige une véritable transition de la filière, doit être accompagnée par les pouvoirs publics, notamment sur le plan financier", estime Richard Ramos et ses collègues Barbara Bessot-Ballot (LREM) et Michèle Crouzet (UDI).

D'où la préconisation d'accompagner cette transition "par la mise en place d'un fonds public destiné à soutenir l'adaptation des outils de production des transformateurs", en particulier artisans, TPE et PME.

Romain Cluzel (avec C.P.)