Sébastien Lecornu dit non à la taxe Zucman et au retour de l'ISF: "Il peut préparer ses affaires"

Deux semaines après son arrivée à Matignon, Sébastien Lecornu s'est exprimé dans es colonnes du Parisien. Le Premier ministre, qui devra trouver un compromis pour faire adopter le budget 2026, sans quoi il s’exposera à une motion de censure, a annoncé ne pas vouloir de la taxe Zucman ni d'un retour de l'impôt sur la fortune (ISF). De quoi faire bondir la gauche mais aussi certains Français.
"Il n'attaque pas les bonnes personnes financièrement"
"On parle du déficit qui est en train de se creuser, ce serait pertinent de recommencer à taxer les plus grandes fortunes", estime Marc auprès de RMC. Une idée partagée par Candice, qui regrette la cible choisie par le gouvernement : "Je comprends très bien que l’économie va mal, que le pays a une dette immense, mais il n’attaque pas les bonnes personnes financièrement", regrette-elle.
Même constat du côté de Romain, qui réclame davantage de justice fiscale : "La taxe Zucman est partagée par les trois quarts des citoyens français. Je pense qu’il veut être en vacances rapidement, il peut préparer ses affaires", ironise-t-il, faisant référence à une possible motion de censure qui ferait tomber le nouveau Premier ministre.
Pour d’autres, c’est la réforme des retraites qui cristallise les inquiétudes. "Il faut la mettre à 62 ans, surtout pour ceux qui ont des métiers pénibles", insiste Kamel. Le Premier ministre a estimé que "personne ne voulait" un nouveau conclave sur les retraites, à l'instar de ce qu'avait réalisé François Bayrou.
"Il faut être sourd pour ne pas entendre que les Français nous demandent plus de justice fiscale", concède toutefois Sébastien Lecornu dans "Le Parisien"
Sébastien Lecornu justifie ses choix. "Je suis frappé de voir que les impacts en termes d’emploi, d’investissement et de compétitivité ne sont pas suffisamment pris en compte dans ce débat : l’entreprise n’est pas que l’affaire du patron. La deuxième raison est que nous avons besoin de capitaux français pour défendre notre souveraineté économique vis-à-vis de certaines prédations étrangères", affirme-t-il dans Le Parisien.
Le locataire de Matignon concède toutefois que le système actuel doit évoluer : "Est-ce qu’en revanche la répartition de la charge au sein des impôts actuels doit évoluer ? De toute évidence, oui. Il faut être sourd pour ne pas entendre que les Français nous demandent plus de justice fiscale. Le débat doit avoir lieu, et là encore c’est au Parlement à la fin de le trancher."
Sur la très débattue taxe Zucman, le Premier ministre nuance les attentes : "Le président du Conseil d’analyse économique établit le rendement de cette taxe Zucman à moins de cinq milliards d’euros et non à 15 ou 25 milliards comme parfois avancé." Quant au retour de l’impôt sur la fortune (ISF), la réponse est sans appel : "Le gouvernement ne l’envisage pas", tranche-t-il.
"Fin de non-recevoir" pour la gauche
Pour l’analyste politique Bruno Cautrès, chercheur au Centre de recherches politiques de Sciences Po, "Sébastien Lecornu a fermé pas mal de portes aux demandes de la gauche. C’est quand même une quasi-fin de non-recevoir. Au fond, il reprend le même cadre général que Michel Barnier et François Bayrou."