Infirmière agressée par un patient: "Je me suis vue mourir"

François a décidé de témoigner pour décrire les conditions de travail très difficiles auxquelles sont soumis infirmiers et infirmières (illustration) - AFP
Françoise Droniou, 50 ans, est infirmière libérale depuis 25 ans. Jeudi dernier, comme tous les matins depuis quatre ans, elle rend visite à un patient d'une soixantaine d'années. "Un homme qui vit tout seul, quelqu'un d'asocial, qui vit comme un ermite", explique à RMC cette infirmière à domicile. Mais ce jeudi-là, rien ne s'est passé comme prévu pour Françoise: elle s'est vue "mourir". En effet, alors qu'elle range son matériel et "s'apprête à sortir de la maison", son patient s'en prend violemment à elle.
"Il me cogne, me cogne"
"Il me happe par les cheveux. Il a essayé de me toucher au niveau de la poitrine mais je l'ai repoussé… Et là, il me balade comme un pantin en me tenant par les cheveux… Il m'a balancé sur le toit de la voiture… J'ai roulé de l'autre côté…", raconte-t-elle, encore extrêmement choquée. Il faut dire que va s'en suivre un véritable passage à tabac: les coups pleuvent sur Françoise qui tente, en vain, de raisonner son agresseur.
"Il m'assène des coups de pieds de partout sur le corps: dans la poitrine, la tête, les côtes… Il me cogne, me cogne… Il me tire la tête en arrière et la frappe dans le sol… Il me dit de me taire et je crie, je crie en pensant que quelqu'un viendra à mon secours", témoigne cette infirmière libérale. Malheureusement, "je sais très bien que je suis dans une maison isolée à la campagne et que personne ne m'entendra". Autant de supplications vaines qui font que Françoise se dit à ce moment-là: "Je vais mourir".
"Je risque ma vie en faisant mon métier"
"Je lui dis: 'C'est Françoise, c'est ton infirmière ! Arrête!' Mais, non… Il continue à me battre. Il me dit de me taire donc je me dis : 'Je vais me taire, peut-être que…' Et il arrête de me battre". En sang, apeurée, le corps meurtri, Françoise monte alors rapidement dans son véhicule et se rend à la gendarmerie "pour être protégée". Le déchaînement de violence qu'elle a subi lui vaut 10 jours d'ITT, un traumatisme crânien, facial, thoracique et abdominal.
Aujourd'hui, si Françoise a décidé de témoigner, c'est pour décrire les conditions de travail très difficiles auxquelles sont soumis infirmiers et infirmières à domicile: "Nous sommes dans une démarche de soins et d'aide aux autres et on se fait massacrer, il n'y a pas d'autres mots, par quelqu'un qui devient monstrueux… Aujourd'hui, je suis infirmière et je sais que je risque ma vie en faisant mon métier. C'est triste".