Avis de recherche: où est passé l'accent marseillais?

Alerte disparition inquiétante! Il se pourrait bien que les "dégun", "peuchère" et "tarpin" soit en danger…L’accent marseillais serait-il en train de se perdre? C’est en tout cas la conclusion de deux sociolinguistes qui ont étudié l’influence des nouveaux habitants sur le parler marseillais.
Et le coupable porte un jean et un T-shirt chinés dans un concept store, se déplace à vélo ou en Uber, déjeune du quinoa bio et boit du mauvais rosé le samedi soir au rooftop des terrasses du port après une semaine de folie à son poste de chef de projet dans son espace de coworking. Bref, le néo-marseillais, le bobo-parisiano citoyen du monde, est de plus en plus présent à Marseille.
C’est une volonté de la ville. Et ça se voit jusque dans son aménagement, selon le sociolinguiste Médéric Gasquet-Cyrus. Le centre-ville est en train de se déplacer. Ce n’est plus le Vieux Port et la Canebière, c’est le nouveau quartier Euroméditérannée, les anciens docks de Marseille. La gentrification est aussi en cours dans les quartiers du Panier et de Belsunce. Résultat, le langage évolue. Et il n’y a guère que les plus anciens qui se portent garant des voyelles chantantes de Marseille. C’est ainsi en train de devenir un folklore. Autrement dit, une chose qui se perd, selon ces sociolinguistes.
Mais il n’y a pas que l’accent qui a évolué
Le cliché du Marseillais est en train de se transformer. Dans leur étude, les sociolinguistes rappellent que la "Marseillaise" qu’on associait à la poissonnière au 19e siècle est maintenant devenue la "cagole". Chez les hommes, on est passé du bouliste aux pêcheurs, puis au supporter de l’OM, avant de voir apparaître sur nos écrans de télé réalité le blond peroxydé et bodybuildé... de la téléréalité.
Qu’on se rassure, l’accent Marseillais n’est pas mort. Il en existe même d’ailleurs trois différents, selon cette étude: le traditionnel, le "vrai", celui de Raimu et Fernandel, le bourgeois, plus subtil et léger et celui des quartiers nord. Peuchère.