Bises, poignée de mains... Tous ces petits gestes que 2020 a fait changer
Cette fois, c'est fini. Nous terminons une année compliquée, qui a profondément changé nos modes de vie. Et pour certains, ça a été si difficile de vivre 2020, sans s’embrasser, sans se serrer la main, sans se toucher… Car cette année nous a appris quelque chose: les Français ont une vraie culture du "contact".
Privé de bisous
Prenons la bise par exemple. Ce n'est pas rien de renoncer à s’embrasser: ce rituel de salutation remonte à l’Antiquité. De tout temps, nous nous sommes embrassés, plus ou moins selon les époques ; et pas dans toutes les cultures. En Inde ou en Chine, on ne s’embrasse pas. Mais en France, c’est une tradition qui date, et qui évolue. Au XIXè siècle, seules les femmes se font la bise.
Dans les années 1970, la bise se pratique finalement entre hommes et femmes. Plus récemment, les hommes se mettaient même à se faire la bise entre eux. Et puis chaque région française a ses propres traditions, une bise, 2 bises, 3 bises, sur une joue, sur 2 joues…
Bref, ça n’est pas naturel pour un Français de renoncer à s’embrasser pour se saluer. Et pourtant.
2020, la fin de la poignée de main…
La poignée de main, geste hautement symbolique lorsqu'il est fait devant des caméras, se répand vraiment au 19è siècle avec la naissance de la République, qui affirme l’égalité entre les citoyens. Se serrer la main, c’est se mettre d’égal à égal.
C’est d’ailleurs un tel signe d’égalité que la poignée de main sera enseignée dans les écoles chinoises juste après la fin de l’Empire, enseigné comme un idéal démocratique, pour en finir avec les hiérarchies de classes.
C’est aussi un instrument commercial: on se sert la main pour marquer la conclusion d’un contrat. Un instrument diplomatique: les poignées de main entre chef d’Etat, et puis les sportifs l’utilisent beaucoup aussi avant et après un match pour matérialiser un combat honnête entre les concurrents.
Bref, une poignée de main, c’est beaucoup plus qu’un salut…
Une rencontre physique 2.0?
Beaucoup de nos relations en 2020 sont passées par les écrans et les réseaux sociaux. Heureusement qu’ils étaient là. Mais malgré tout, on a compris que ça ne remplacerait jamais une rencontre physique.
Un anthropologue américain a ainsi calculé, bien avant la pandémie, les distances physiques entre des interlocuteurs: entre deux amis qui discutent, il y a en moyenne 50 centimètres qui les sépare. Alors qu’entre deux collègues de travail qui se parlent, il va y avoir en moyenne 1m50.
Donc oui, et Aristote l’écrivait déjà à son époque: l’amitié pour être viable, a besoin de temps et de proximité physique.
Pourtant, ces changements n'ont pas forcément entrainé une baisse des relations entre chacun d’entre nous. Une étude du CNRS - publiée après le premier confinement - révèle que les plus de 75 ans ont été plus souvent en contact avec leurs amis que d’habitude. Ils ont eu plus de relations, pas forcément physique évidement. On l’a ainsi vu dans les immeubles d’ailleurs: beaucoup de voisins sont venus proposer leur aide aux plus âgés pendant le 1er confinement.
En revanche pour les plus jeunes, ce n’est pas la même chose: ils ont eu moins de relations avec leurs amis. C’est normal, les jeunes ont des réseaux d’amitiés très dynamiques, mais qui passent par des rencontres dans des lieux comme la fac, les bars, les discothèques. Et tout ça, c’est terminé…
Peut-on espérer revenir à nos bonnes vieilles bises et poignées de mains un jour?
Soyons clair: le monde a connu la peste, la grippe espagnole, le Sida. Autant d'épidémie dramatique qui ont entrainé de la prudence mais pas de la défiance. Le Covid-19 marquera peut-être la fin de l’insouciance de nos embrassades. A l’avenir, on n’embrassera certainement plus les personnes qui ont des rhumes ou des signes d’infection.
Quoi qu’il en soit, on rêve tous de pouvoir de nouveau embrasser, se toucher, se serrer dans les bras ; et plus on est privé de quelque chose plus il prend de la valeur. Donc on y reviendra, un jour…..