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Après l'attentat, à Ansbach, habitants et réfugiés commencent à voir leurs relations se détériorer

REPORTAGE - Un réfugié syrien de 27 ans souffrant de troubles psychiatriques a péri dimanche soir dans l'explosion qu'il a provoquée près d'un festival de musique dans le sud de l'Allemagne, à Ansbach. Sur place, cet attentat suicide a sonné les habitants et ravivé chez certains les rancœurs envers les réfugiés..

Série noire pour l'Allemagne. En quelques jours, le pays a été par trois fois endeuillé à la suite d'attaques violentes, menées pour divers motifs. Après Munich et Reutlingen, c'est Ansbach qui a, à son tour, vécu une nuit d'angoisse. En effet, ce dimanche, un demandeur d'asile syrien de 27 ans, ayant prêté allégeance à l'organisation Etat islamique, est mort en se faisant exploser près d'un festival de musique dont il venait d'être refoulé. Dans cette petite commune de 40.000 habitants, dont 544 réfugiés, cet attentat suicide a ravivé les tensions.

"Les gens ont changé"

Ainsi, pour Hannah cela ne fait aucun doute: si cet attentat terroriste a eu lieu, c’est à cause de la politique migratoire d’Angela Merkel. "J’ai toujours dit que notre pays était une cible, déclare-t-elle. Nous laissons rentrer tellement de personnes sans papier. Elle aurait dû fermer les frontières. De son côté, Nazar, réfugié afghan qui vit à Ansbach depuis septembre, a peur que suite à cet attentat les Allemands deviennent agressifs. Depuis dimanche, il note que ses voisins sont déjà plus méfiants.

"Nous sommes venus ici car c'est une démocratie, qu'il y a de la liberté et parce que les Allemands étaient accueillants. Mais désormais, les gens ont changé. Aujourd'hui je suis allé faire les courses et j'ai senti que l'on me regardait vraiment bizarrement, confie-t-il. Maintenant les gens pensent que tous les réfugiés sont des terroristes. Mais nous ne sommes pas comme ça !" Nazar s'interroge donc sur son avenir en Allemagne et sur la conséquence de cet attentat pour les réfugiés: "S'il y a d’autres attentats, les Allemands vont finir par changer. Je pense que certains vont même frapper les réfugiés… Bien sûr que j'ai peur".

"Je pense que d'autres attaques vont arriver"

Arthur, réfugié russe, habite à seulement quelques centaines de mètres de là où vivait le terroriste. Aujourd'hui, il redoute aussi que ces attaques se multiplient. "J'ai l'impression que c'est devenu comme une mode, quelque chose qui arrive tout le temps, estime-t-il. Je pense que d'autres attaques vont arriver. Avec ma famille nous avons quitté la Russie pour être en sécurité. Or il y a de plus en plus de terroristes ici alors où vais-je être en sécurité maintenant?"

Ce repli sur soi, Michael aussi l'a constaté dans son entourage. Avec la succession d'attentats en Europe, ses amis ont peu à peu durci leur propos. "Avant les attaques, ils étaient d'accord pour accueillir des réfugiés mais depuis ils pensent qu'ils doivent rester dans leur pays et ne pas venir chez nous".

Maxime Ricard avec Léa Zacharie