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Attaque à Londres: "je ne pense pas que les expatriés français prendront en considération cette attaque"

Les abords du Parlement de Westminster à Londres, le 23 mars, au lendemain de l'attaque.

Les abords du Parlement de Westminster à Londres, le 23 mars, au lendemain de l'attaque. - AFP

Après l'attaque perpétrée mercredi à Londres, aux abords du Parlement de Westminster, qui a fait trois morts et une quarantaine de blessés, les 300 000 expatriés Français en Grande-Bretagne vont-ils changer d'avis sur la capitale britannique? Catherine Rogers, présidente de l'association l'Union des Français de l'étranger en Grande-Bretagne, répond à RMC.fr.

Catherine Rogers, présidente de l'association l'Union des Français de l'étranger en Grande-Bretagne, explique à RMC.fr pourquoi, malgré l'attaque de Londres survenue mercredi, l'attrait des Français pour la capitale ne faiblira pas: 

"Au lendemain de ce qu’on a vécu à Londres, on se pose des questions. On a d’abord un sentiment d’immense tristesse. Mais de nos jours, on vit dans un monde où les actes terroristes se produisent assez régulièrement: à Paris, à Bruxelles, à Berlin… On sait qu’il n’y a pas de risque zéro. Personne n’est vraiment à l’abri quand on habite dans les grandes villes.

Londres avait déjà été ciblée en juillet 2005, et l’attentat avait fait encore plus de victimes. Les attaques terroristes font partie de la vie londonienne depuis très longtemps, notamment depuis les années 80, face à l’IRA. Malheureusement, il y aura sûrement une autre attaque à Londres, même si on ne sait pas dans combien de temps. La question c’est: où aller? Toutes les grandes villes sont à la portée de ce genre d’actes. On ne peut pas éviter ce genre d’actions, lors de laquelle une personne agit seule, et utilise un véhicule qu’il est très facile d’obtenir, pour foncer sur la foule.

"On a plus de chances de se faire renverser par une voiture en traversant la rue"

Dans notre monde occidental, il y a une volonté de ne pas abandonner, de ne pas se laisser intimider, de continuer à vivre normalement et le plus possible après une attaque, pour essayer de ne pas donner trop de pouvoir au terrorisme sur nos modes de vie, pour défendre nos démocraties. Je ne pense pas que les expatriés français voudront quitter Londres après cet attentat. Pour les personnes qui habitent à Paris et souhaitent venir vivre à Londres, les risques sont les mêmes. Je ne pense pas non plus que le facteur attentat sera pris en considération, ni que celui-ci joue un rôle important sur leur décision de savoir où ils veulent vivre.

Certains d'entre eux vont certainement réfléchir, puis accepter ce risque. C’est malheureusement la contrepartie de vivre dans des grandes villes. Vivre ailleurs ne garantit pas plus de sécurité. A Londres, on a plus de chance de se faire renverser par une voiture en traversant la rue, que d’être sujet à un attentat comme on a eu hier. Il faut évaluer les risques, et les remettre en proportion.

"Londres n'est pas une ville dangereuse"

Sur le territoire britannique, on compte 300.000 Français expatriés. Londres est une grande ville, très cosmopolite, avec beaucoup de communautés très diverses: française, espagnole, allemande, italienne, américaine… On est dans un milieu très international, ce que les gens aiment beaucoup. C’est une ville dynamique, qui va très vite, où il existe beaucoup de possibilités au niveau professionnel. La capitale britannique est aussi très proche de la France, à peine deux heures en Eurostar depuis Paris. Venir vivre à Londres, c’est comme partir de Paris et emménager à Marseille, ce n’est pas très compliqué.

Londres est aussi relativement ben protégée, dans la mesure où les services secrets sont habitués, depuis les années 80, au terrorisme. La culture antiterroriste en Angleterre est énorme. Londres n’est pas une ville dangereuse. De plus en plus, les gens sont prêts à admettre et à prendre ces risques, à dédramatiser. On ne sait pas où se passera le prochain attentat, on sait qu’il y en aura un, il faut l’accepter, sinon on ne peut pas vivre. Une attaque comme celle d'hier n'arrive pas toutes les semaines, et n'impactera pas les gens. Ils ne se diront pas: "Londres est trop dangereux". Il faut savoir vivre avec le risque".

Propos recueillis par Alexandra Milhat