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Bruxelles en alerte terroriste maximale: "Cela commence à devenir très pesant"

A Bruxelles, l'armée est déployée et les rues sont vides

A Bruxelles, l'armée est déployée et les rues sont vides - NICOLAS MAETERLINCK / BELGA / AFP

REPORTAGE - En raison d'une menace d'attentat jugée "sérieuse et imminente", Bruxelles vit lundi sa troisième journée d'alerte antiterroriste maximale. Ecoles, universités, crèches et métros fermés, la capitale est donc complètement paralysée…

Au lendemain d'une série d'opérations policières qui n'ont pas permis d'arrêter Salah Abdeslam, suspect clé dans l'enquête sur les attentats de Paris, Bruxelles est encore à l'arrêt, ce lundi. En effet, l'état d'alerte maximal, de niveau 4, est maintenu pour une troisième journée dans la capitale belge, quadrillée par l'armée et la police, a annoncé le Premier ministre belge Charles Michel, ce dimanche soir, évoquant une "situation exceptionnelle". En conséquence, stations de métro, écoles et universités resteront fermées toute la journée dans la capitale de l'Union européenne.

"C'est inédit"

Pour tous les parents de la région, il a donc fallu trouver une solution de rechange en urgence. "C'est inédit pour eux comme pour nous, raconte Jean, père de quatre enfants, dont trois de moins de 12 ans. Tout à l'heure, je vais appeler mon boulot et m'organiser. Mais à tout moment, il n'y en a au moins un de nous deux qui restera avec les enfants toute la journée".

En raison de l'alerte maximale, Jean est resté tout le week-end, en sécurité, à la maison avec sa femme et ses enfants. "Cela peut perdurer encore pendant quelques jours et à ce moment-là cela va devenir problématique au niveau professionnel comme pour les enfants, estime-t-il. Mais, pour l'instant, il me semble qu'ils ne sont pas trop inquiets".

"Un peu flippant"

A Bruxelles, seuls les bus et les trams fonctionnent, alors forcément, la ville tourne au ralenti. Plusieurs entreprises ont même demandé à leurs salariés de rester travailler de chez eux. Autre conséquence, de ce niveau d'alerte maximal, toute la journée les forces de l'ordre effectuent des contrôles musclés au milieu de la rue, mitraillettes au poing. De quoi alimenter la peur chez certains comme Franck, venu rendre visite à un ami.

"On a vu la police arrêter une camionnette. Ils essayaient de forcer l'ouverture du coffre mais n'y arrivaient pas. On a donc commencer à avoir peur parce qu'on se demandait si cela n'allait pas s'ouvrir d'un coup et que des gens allaient en sortir, explique-t-il. C'était une camionnette un peu bizarre en plus… " Et Franck de regretter aussi le manque d'informations dont disposent les Bruxellois: "On n'a aucune précision donc on peut imaginer le pire. On imagine qu'il y a des gars dans la ville avec des flingues en train de chercher où ils vont jeter leur dévolu. C'est un peu flippant".

"C'est très tendu"

La menace est donc constante à Bruxelles. La ville est dans un tel état de siège que les habitants ont de plus en plus de mal à le supporter. "Les gens s'observent. Dès que l'on voit quelqu'un avec un sac suspect ou un truc qui dépasse, on peut avoir l'impression que c'est une arme… C'est très tendu, confirme Antoine. Normalement, le week-end il y a énormément d'animation dans la ville, là, tout était fermé. C'est vraiment très spécial. Cela commence à devenir très pesant…"

D'autant plus que pour certains habitants comme Anka, la présence de l'armée n'empêchera pas les terroristes d'agir. "Je ne sais pas s'ils sont efficaces. Honnêtement, je ne sais pas à quoi cette présence sert, affirme-t-elle. Si jamais il y a eu une attaque, je ne crois vraiment pas qu'ils soient en mesure de l'arrêter… Les gens se sentent rassurés parce qu'il y a plus d'armée mais, moi, j'espère que cela ne va pas durer trop longtemps".

Maxime Ricard avec Barthélémy Bolo