Ce que l'on sait des campagnes de désinformation de la Russie ciblant la France

La France a officiellement protesté mardi contre la Russie qui mène des campagnes de désinformation. La Russie qui tente de manipuler les opinions européennes et notamment françaises.
Pour Catherine Colonna, la ministre des affaires étrangères, “ce sont des agissements indignes”. La France affirme avoir déjoué ces campagnes de désinformation et identifié les auteurs. Des individus, des sociétés russes et derrière l’Etat russe qui cherche à nous manipuler pour détourner la France du soutien qu’elle apporte à l'Ukraine. Mais ça ne marchera pas, conclut le quai d’Orsay.
Concrètement, il s’agit de propagation de fausses nouvelles à travers des sites internets qui ressemble furieusement à de vrais sites officiels. Par exemple, la copie conforme du site du ministère français des Affaires étrangères qui annonce qu’une taxe va être instaurée sur toutes les transactions monétaires pour financer l’aide militaire à l’Ukraine. Sauf que c’est faux, cette taxe n’existe pas. Il s’agit juste de faire râler les contribuables en leur faisant croire qu’ils vont directement payer.
Autre exemple, l’imitation du site du ministère de l’Intérieur, avec une mise en garde concernant des escroqueries commises par les réfugiés ukrainiens en France. Encore une fois, c’est très bien fait, mais c’est faux, il s’agit cette fois de monter les Français contre ces “voleurs” de réfugiés ukrainiens.
Il y a également les sites des journaux sont également imités comme le site du Monde, du Parisien, de 20 minutes en France, ou d'autres journaux en Allemagne et en Angleterre. Ils publient des articles pour expliquer par exemple que l’économie allemande est en ruine à cause des sanctions contre la Russie. Ou bien que le président ukrainien conduit son pays à la catastrophe. Si on a le droit de le penser et de l’écrire, en revanche, on n'a pas le droit de faire semblant que ces articles proviennent de grands journaux respectables. Le directeur du Monde, Jérôme Fenoglio, a dénoncé ces agissements “intolérables” qui trompent les citoyens européens et érodent la confiance dans les médias.
Des influenceurs utilisés pour relayer les fausses informations
Ces manipulations durent depuis au moins un an. Elles ont été repérées au départ par des enquêtes allemandes. Puis Facebook a fermé à la fin de l'année dernière environ 1600 comptes suspects. En indiquant avoir affaire à la plus grande et la plus complexe opération de désinformation russe. Une organisation qui a été baptisée Doppel Ganger, “le gang des sosies”.
Le Monde publie ce mercredi une nouvelle enquête montrant que ce groupe est toujours actif et a même étendu ses opérations. Celles-ci consistent à inventer de faux articles favorables à la Russie, ou à diffuser des micro-trottoirs, des interviews de Français anonymes qui sont tous très hostiles à l'Ukraine. Ou bien encore à donner un maximum de publicité et d’exposition à de vraies prises de positions pro-russes. Par exemple, celle de Florian Philippot, l’ancien numéro deux du Front national.
Pour cela, les Russes utilisent des usines à Trolls. Leur fonctionnement avait été décrypté l’an dernier par une enquête du mensuel Jeune Afrique qui racontait comment, tous les jours, depuis Saint-Pétersbourg des équipes spécialisées produisent des contenus éditoriaux pour alimenter la propagande russe et anti-française. Il s’agissait à l’époque essentiellement de discréditer la France en Afrique. Aujourd’hui cela fonctionne de la même façon pour manipuler l’opinion sur l’Ukraine. Les Russes paient des influenceurs, pour relayer ces infos ou des intoxs. Puis des petites mains sont rémunérées pour ouvrir des milliers de faux comptes sur Facebook, Instagram et Twitter.
Sauf que la France ne veut plus être passive face à ses manipulations. Le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale a mené l'enquête pour identifier les manipulateurs et mardi, le Quai d'Orsay a donc tapé du poing sur la table.