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"Des agissements indignes": Paris dénonce une campagne de désinformation russe visant des médias

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Photo d'illustration - Flickr - Global Panorama - CC

La France a dénoncé une campagne de désinformation russe d'ampleur visant de grands médias, avec la publication de faux articles dénigrant l'Ukraine notamment.

La France a accusé ce mardi la Russie de mener une vaste opération d'ingérence numérique en publiant de faux articles de grands quotidiens français hostiles à l'Ukraine, des agissements relevant de la "guerre hybride" de Moscou et "indignes d'un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies", a assuré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

"Des entités étatiques ou affiliées à l'Etat russe", ont créé de fausses pages internet "usurpant l'identité de médias nationaux et de sites gouvernementaux", diffusant des contenus dénigrant les dirigeants ukrainiens et partageant des contenus polémiques "instrumentalisant l'actualité nationale française", selon Viginum, le service technique et opérationnel de l’Etat chargé de la vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères.

Faux noms de domaines, vraies copies

Au moins quatre quotidiens français, Le Parisien, Le Figaro, Le Monde et 20 minutes ont été victimes de l'opération, mais d'autres grands médias ont aussi été visés, notamment allemands (FAZ, Der Spiegel, Bild, Die Welt...)

Les hackers produisaient de faux articles sur une page en tout point identique à celles du site officiel de ces médias, mais avec un nom de domaine différent, par exemple .ltd au lieu de .fr.

La copie est tellement poussée qu'un clic sur les liens hypertexte qu'elle contient renvoie sur les autres articles du vrai journal. La pratique est baptisée "typosquattage". Ces faux articles sont ensuite diffusés via les réseaux sociaux en essayant de pousser leur viralité, qui semble rester faible pour l'instant.

La campagne a aussi visé d'autres sites comme celui du ministère des Affaires étrangères et d'autres sites gouvernementaux, en créant des sites miroirs, a précisé la porte-parole Anne-Claire Legendre.

"Aucune tentative de manipulation ne détournera la France du soutien qu’elle apporte à l’Ukraine"

"L’implication d’ambassades et de centres culturels russes qui ont activement participé à l’amplification de cette campagne, y compris via leurs comptes institutionnels sur les réseaux sociaux, est une nouvelle illustration de la stratégie hybride que la Russie met en œuvre pour saper les conditions d’un débat démocratique apaisé et donc porter atteinte à nos institutions démocratiques", a assuré le ministère.

"La France condamne ces agissements indignes d’un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies. Aucune tentative de manipulation ne détournera la France du soutien qu’elle apporte à l’Ukraine face à la guerre d’agression russe", a commenté la ministre Catherine Colonna.

Cette opération vient s'inscrire dans une pratique déjà longue et documentée d'actions d'influences menées par la Russie. Dans le cas de l'invasion de l'Ukraine, Moscou mise sur les fausses informations pour saper le soutien des opinions publiques occidentales.

Poutine "attend que les sociétés occidentales se fatiguent", estimait lundi un haut responsable européen, rappelant que "l'hiver dernier a été doux", mais que "si le prochain est dur" et que le prix du chauffage s'envole, cela pourrait "générer des tensions dans les sociétés".

G.D. avec AFP