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"Celui qui le dit qui l'est": tout comprendre de la bagarre de cour d'école entre Poutine et Biden

EXPLIQUEZ-NOUS - Le ton monte sérieusement entre les Etats-Unis et la Russie. Joe Biden a traité Vladimir Poutine de "tueur". Le président russe a répondu en disant : “Celui qui dit, c’est celui qui l’est”. On se croirait dans une cour d’école.

Littéralement, Vladimir Poutine a dit : “Celui qui traite quelqu’un comme ça, c’est celui qui s’appelle lui-même comme ça”. En russe, c’est une expression enfantine. L'exact équivalent de notre "C'est celui qui le dit qui l'est".

Poutine l’a dit dans un éclat de rire avant de précisait qu’il le pensait. Que si Biden l’a traité de tueur, c’est que lui-même a cette caractéristique. Et le président russe a ensuite défié le président américain en lui proposant un débat en direct aujourd’hui ou lundi. En direct sur internet. Et là on passe de la cour de récré à la télé-réalité.

Comme si les présidents des deux anciennes superpuissances pouvaient ainsi se retrouver en direct et s’engueuler devant la terre entière. Naturellement ce débat ne se fera pas.

Qu’avait dit exactement Joe Biden pour provoquer cette réaction de Vladimir Poutine

Joe Biden y était allé franchement. Il a donné une interview sur ABC, la première chaîne américaine a l’heure de plus grande écoute. Il répondait à un journaliste très célèbre, Georges Stephanopoulos, qui lui a posé la question : "Est-ce que vous pensez que Poutine est un tueur?". Et Biden a répondu : “Yes I do". (Oui je le pense). "Et bientôt, il en paiera bientôt le prix”. Biden a donc joint l’insulte à la menace. "C'est un tueur et il le paiera". C’est tout sauf de la langue de bois.

Puis le président américain a raconté une conversation qu’il a eu avec Poutine. Sans préciser si c'était avant ou après son élection. "Je lui ai dit, je te connais et tu me connais. Alors tiens-toi prêt." Et Joe Biden ajoute, “Je lui ai dit qu’il n’avait pas d'âme.” Et Poutine m’a répondu : “On se comprend l’un l'autre". On ne sait pas si cette conversation "virile" a vraiment eu lieu en ces termes, mais c’est comme ça que Biden la raconte.

Pourquoi tant de haine ? Qu’est ce qui oppose les Etats-Unis à la Russie?

Les sujets de fâcheries ne manquent pas. Washington exige la libération de Navalny, l’opposant que Poutine a fait enfermer dans un camp de travail après avoir tenté de l’empoisonner. Les Américains viennent de sanctionner 7 hauts responsables russes dans le cadre de cette affaire.

Les Américains ne reconnaissent toujours pas l’annexion de la Crimée en 2014., ne sont pas d’accord avec les russes sur la Syrie. Les services secrets américains soupçonnent les russes d'être à l’origine d’une cyber-attaque géante récemment. Et plus grave encore, la CIA accuse les Russes de payer des Talibans en Afghanistan pour tuer des soldats américains.

Quid des ingérences dans l'élection américaine?

Tout cela est grave, mais il y a un dossier encore plus important : Ce qu’on appelle les ingérences russes dans les présidentielles américaines. Les interventions des russes en faveur de Donald Trump en 2016, lorsqu’il a été élu et encore en 2020.

Les services russes avaient relayé des centaines de milliers de fois sur les réseaux sociaux les accusations contre Hillary Clinton. Accusations notamment de pédophilie ! Certains analystes estiment que sans cette ingérence Russe, Donald Trump n’aurait peut-être jamais été président.

En tout cas c’est bien ce dont Joe Biden parlait cette semaine. L’interviewer, Stephanopoulos lui a dit : Poutine a soutenu Trump, il a divisé notre société, il a miné notre démocratie. Est-ce qu’il doit payer le prix de tout cela. Et Biden a répondu : “Oui. Bientôt vous verrez le prix qu’il va payer."

Ces menaces ont aussitôt provoqué une vive réaction des Russes. Pas seulement “Celui qui dit c’est celui qui y’est”. Le président du parlement russe a estimé que tous les citoyens de son pays venaient d'être insultés. Et Vladimir Poutine à rappelé à Moscou son ambassadeur aux Etats-Unis.

On est donc dans le bras de fer, personnel entre les deux présidents. Ce qui doit les arranger tous les deux. Poutine est un vrai dur et il veut que cela se sache. Et Biden lui aussi veut passer pour un dur. Il veut faire oublier le surnom de Sleepy Joe, "Joe l’endormi" que lui avait donné Donald Trump. 

Dans les années 90, il avait déjà joué au cow-boy comme ça. Il avait été reçu à Belgrade par le président serbe Milosevic et il lui avait dit les yeux dans les yeux. “Vous êtes un criminel de guerre”. Ce qui, en l'occurrence, était parfaitement exact.

Nicolas Poincaré (avec J.A.)