Crise grecque: Syriza au bord de l’implosion

En Grèce, la situation est de plus en plus confuse. Et les propos d'Alexis Tsipras n'ont en rien rassuré la population. Lors d'une interview à la télévision publique, ce mardi soir, le Premier ministre a en effet déclaré: "J'assume mes responsabilités pour toute erreur que j'ai pu commettre, j'assume la responsabilité pour un texte auquel je ne crois pas mais je le signe pour éviter tout désastre au pays". Une déclaration fracassante faite alors même que le Parlement grec doit dire ce mercredi si oui ou non il adopte les mesures exigées par les créanciers. A Athènes, dans le quartier d’Exarchia, bastion de la gauche radicale, RMC a rencontré des militants de Syriza, plus que jamais divisés sur la position à adopter.
"Ce n'est pas facile"
"Je suis détruite, anéantie, écrasée… Il n'y a plus rien, il faut tout recommencer. Il me faut du courage pour vous avouer tout ça mais c'est parce que je suis détruite que je vous le dis. C'est dur", confie Elena, membre du comité central de Syriza, sur le trottoir en face du local du parti, juste avant la dernière réunion avant le vote au Parlement.
A l'intérieur, la salle est comble. Les militants tentent de se mettre d'accord sur la stratégie à adopter: Faut-il accepter les mesures d'austérité ? Faut-il se prononcer contre? Constantin, 65 ans, aimerait bien avoir la réponse. "Je suis perplexe, souffle-t-il. On est collé au mur. Il n'y a pas d'unanimité et la plupart, même des membres du parti, ne sont pas certains de ce qu'il faut faire. Ce n'est pas facile". Pour protester contre les mesures d'austérité et pour la première fois depuis l'arrivée de Syriza au pouvoir, le syndicat grec des fonctionnaires appelle à une grève de 24 heures ce mercredi.
"Ils peuvent renverser le gouvernement"
"Ce sont des mesures barbares, des mesures pour nous éliminer, justifie Ilias, cardiologue et président du syndicat du personnel du plus grand hôpital d’Athènes qui sera dans la rue aujourd'hui. Ce qui va se passer c'est qu'on va donner moins d'argent aux hôpitaux. On aura donc moins d'argent pour acheter des médicaments ou du matériel médical. On ne pourra plus soigner les patients comme il faut. On ne sait même pas si on aura encore assez de médicaments en septembre".
A l’aile gauche de Syriza, une trentaine de députés aurait prévu de ne pas voter le texte. De quoi inquiéter Dimitri: "Ça peut devenir très dangereux car, en fin de compte, ils peuvent renverser eux-mêmes le gouvernement. Et si c'est le cas, cela sera une défaite complète et je ne veux pas que ça finisse comme cela". Quelle que soit l’issue du vote aujourd’hui, Dimitri ne se fait pas beaucoup d’illusions: son parti, Syriza, n’en sortira pas indemne.