Cyclone Mocha: le bilan grimpe à 145 morts en Birmanie, en majorité des Rohingyas

Un homme à vélo sous la pluie à l'approche du cyclone Mocha à Kyauktaw, en Birmanie, le 14 mai 2023 - SAI Aung MAIN / AFP
Quelque 800.000 personnes affectées par le passage du cyclone Mocha en Birmanie ont besoin d'une aide alimentaire d'urgence. C'est le bilan dressé par l'ONU, ce vendredi. Un bilan humanitaire qui s'ajoute au bilan en termes de vies, puisque 145 personnes ont perdu la vie dans le pays, a annoncé la junte militaire au pouvoir, dans un communiqué. La majorité des victimes font partie de la minorité ethnique musulmane des Rohingyas, persécutée par le pouvoir en place.
Le cyclone Mocha a frappé la Birmanie et le Bangladesh dimanche, avec des pluies battantes et des vents de 195 km/h qui ont démoli des bâtiments et transformé les rues en rivières.
Les Rohingyas principalement touchés
La tempête la plus violente dans la région depuis plus de 10 ans a ravagé des villages, déraciné des arbres et coupé les communications dans une grande partie de l'Etat Rakhine, où des centaines de milliers de Rohingyas vivent dans des camps de déplacés à la suite de décennies de conflit inter-ethnique.
"Selon les informations que nous avons obtenues, 4 soldats, 24 habitants et 117 Bengalis ont été tués dans la tempête", a précisé la junte.
"Bengali" est un terme péjoratif utilisé en Birmanie pour désigner la minorité musulmane. Quelques 600.000 Rohingyas vivent depuis plusieurs générations en Birmanie, privés d'accès à la santé et à l'éducation, "sous un régime d'apartheid", selon Amnesty International. Tous sont assimilés à des étrangers et doivent même demander une autorisation avant tout déplacement en dehors de leur village.
Des chefs de villages déplorent des centaines de disparus ou de morts
Un chef de village rohingya a déclaré que plus d'une centaine de personnes étaient portées disparues dans son seul village à la suite du cyclone. Un autre chef de village près de Sittwe, la capitale de l'Etat Rakhine, a expliqué qu'au moins 105 Rohingyas étaient morts dans les environs de la ville, et que le décompte n'était pas terminé.
Le communiqué de la junte indique également que les informations diffusées par les médias sur la mort de 400 Rohingyas sont "fausses" et que des mesures seront prises à l'encontre des organes de presse qui les ont publiées. Depuis son coup d'Etat il y a plus de deux ans, la junte a arrêté des dizaines de journalistes et fermé les médias jugés critiques à l'égard de son régime.
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Des navires et l'armée de l'air ont apporté des milliers de sacs de riz et des milliers d'électriciens, de pompiers et de secouristes avaient été déployés dans l'Etat Rakhine, ont rapporté vendredi les médias soutenus par la junte.
Les vols ont repris normalement à l'aéroport de Sittwe jeudi, selon le journal officiel Global New Light of Myanmar. Des agences d'aide internationale, dont le Programme alimentaire mondial, travaillaient sur le terrain dans la ville de Sittwe cette semaine, selon des correspondants de l'AFP sur place. Un porte-parole de la junte n'a pas immédiatement répondu à la question de savoir si les agences de l'ONU avaient accès aux camps de déplacés situés à l'extérieur de Sittwe.