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Dans les hôpitaux de la bande de Gaza, des enfants rongés par la faim

Des enfants palestiniens eçoivent un traitement contre la malnutrition à l'hôpital des martyrs d'Al-Aqsa à Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 30 mai 2024, dans le contexte du conflit en cours entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas.

Des enfants palestiniens eçoivent un traitement contre la malnutrition à l'hôpital des martyrs d'Al-Aqsa à Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 30 mai 2024, dans le contexte du conflit en cours entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas. - Bashar TALEB / AFP

La situation est encore plus critique dans le nord de la bande de Gaza, une zone qui est restée très difficile d'accès, voire inaccessible, pour les convois d'aide alimentaire pendant plusieurs semaines.

Elle a été de pharmacie en pharmacie mais Amira al-Taweel n'a pas trouvé de lait pour son bébé. Dans la bande de Gaza menacée de famine, les enfants subissent de plein fouet les conséquences de la guerre.

"Youssef a besoin de lait, en plus de son traitement médical, mais il n'y en a pas à Gaza", regrette cette femme de 33 ans à un correspondant de l'AFP dans l'hôpital des martyrs d'al-Aqsa à Deir al-Balah, dans le centre du territoire palestinien, où son fils a été admis pour malnutrition.

"Je le nourris mais pas avec du lait. Je lui donne du blé (des farines pour enfants), ce qui le ballonne", explique-t-elle en tenant dans ces bras le petit garçon chétif, placé sous perfusion. Son visage, comme celui de l'enfant, est creusé par la fatigue.

36.400 morts

D'après le service de presse du Hamas, au moins 32 personnes, dont de nombreux enfants, sont mortes de malnutrition dans la bande de Gaza depuis que la guerre entre Israël et les mouvements armés palestiniens a éclaté le 7 octobre, à la suite d'une attaque sans précédent du Hamas contre Israël. Cette attaque a entraîné la mort de 1.189 personnes en Israël, pour la plupart des civils, selon un décompte à partir de données officielles israéliennes.

En riposte, Israël a promis de détruire le mouvement islamiste palestinien et a lancé une vaste offensive à Gaza qui a fait jusqu'à présent plus de 36.400 morts, majoritairement civils, selon le ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.

La guerre a ravagé le territoire palestinien où les organisations humanitaires mettent en garde contre une catastrophe humanitaire, estimant que l'aide qui entre dans la bande de Gaza est insuffisante et n'atteint pas les personnes qui en ont le plus besoin.

Samedi, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a indiqué que plus de quatre enfants sur cinq avaient déjà passé une journée entière sans manger, au moins une fois tous les trois jours.

"Les enfants meurent de faim", a averti Margaret Harris, porte-parole de l'OMS.

Depuis mi-janvier, l'agence des Nations unies coordonnant l'aide humanitaire (Ocha) a examiné plus de 93.400 enfants de moins de 5 ans. Parmi eux, 7.280 souffraient de de malnutrition aigüe, selon l'agence.

La situation est encore plus critique dans le nord de la bande de Gaza, une zone qui est restée très difficile d'accès, voire inaccessible, pour les convois d'aide alimentaire pendant plusieurs semaines.

"Nous dépendons de l'aide qui arrive ici et qui est distribuée pour les enfants", explique Noha al-Khaldi, une autre mère au chevet de son enfant, à l'hôpital des martyrs d'al-Aqsa.

Son fils Saif "devait être opéré mais l'opération a été reportée". "Il a souffert toute la nuit", poursuit Mme Khaldi, 

Selon l'un des pédiatres de l'établissement, Hazem Mostafa, la situation s'est dégradée avec la fermeture du point de passage de Rafah, à la frontière avec l'Egypte crucial pour l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza.

Depuis que l'armée israélienne a pris le contrôle de ce terminal frontalier, le 7 mai, les portes sont restées fermées devant les camions d'aide. Aucun malade n'a pu non plus quitter le territoire pour être soigné en Egypte.

Des cas de malnutrition infantile ont également été observés à Rafah ces derniers jours, et plusieurs bébés ont été traités dans des dispensaires, selon des correspondants de l'AFP.

"L'occupation (Israël) a empêché l'entrée de nourriture, en particulier du lait pour les enfants, ce qui a eu pour conséquences (...) un déficit de croissance et des infections", déplore M. Mostafa, appelant à un "approvisionnement abondant en lait".

RMC avec AFP