Débat Trump-Biden: ce qu'il faut retenir des échanges houleux entre les candidats
Pour moi, Donald Trump a gagné. Parce que le débat a été très haché avec un nombres incroyables d’interruptions de la part du président sortant. Et donc on avait souvent trois voix en même temps. Les deux candidats et l’arbitre. Et de ces trois voix, celle du journaliste, Chris Wallace 72 ans, celle de Trump, 74 ans, et celle de Joe Biden, 77 ans, celle qui ressortait c’était clairement celle de Donald Trump. En terme d’assurance, d’autorité, de leadership, comme disent les américains, Trump a dominé.
Pourtant, ce n’est pas ce que disent les premiers sondages et les premiers commentaires aux Etats-Unis. Oui, parce que beaucoup attendaient un KO, un effondrement de Joe Biden. Donald Trump le décrivait comme incapable de tenir le choc sans être dopé. Et Joe Biden ne s’est pas effondré, même avec ses hésitations, sa voix un peu chevrotante, son léger bégaiement, il a résisté et parfois lâché des coups qui ont fait mouche.
Un combat violent
C'était sans doute le plus violent de l’histoire des débats. Avec cette exclamation de Joe Biden qui va rester: "Will you shut up, man ?" (Est-ce que tu vas la fermer, mec?). Il l’a aussi traité de menteur, de raciste et de clown. Un ton assez inhabituel quand on parle au président des Etats-Unis.
Mais la passe d’armes la plus violente a eu lieu a propos des fils de Joe Biden. En élevant la voix et avec émotion, Biden a parlé de son fils qui a été militaire un an en Irak. Qui a été décoré qui s’est conduit en patriote, et en héros.
Donald Trump, s’est alors exclamé, "mais votre fils a été viré de l'armée parce qu’il prenait de la coc ! C’est un magouilleur qui a fait fortune en Ukraine et en Russie."
En fait il ne parlait pas du même fils. Joe Biden évoquait Beau, son fils adoré mort il y a 5 ans d’un cancer. Donald Trump a fait semblant de ne pas comprendre et a parlé de Hunter, l’autre fils qui a effectivement eu des problèmes de drogue. Joe Biden ne l’a pas nié. Il a dit qu’il avait vaincu ses problèmes et qu’il était fier de lui.
Ce niveau de tensions, d’attaques personnelles, et de coups sous la ceinture, je pense que l’on avait jamais vu cela.
La question de l'épidémie a donné lieu aux accusations les plus graves
Et ils se sont balancés les morts à la figure. 200.000 morts a rappelé Joe Biden. "20% des décès dans le monde entier alors que nous ne sommes que 5% de la population mondiale".
Avec Biden, a répondu Donald Trump, "nous aurions eu 2 millions de morts" parce qu’il n’aurait pas fermé les frontières. "Joe, franchement, a dit Trump, je pense que tu n’aurais pas su faire le job".
Joe Biden a accusé Donald Trump d’avoir eu parfaitement conscience du danger de l'épidémie dès février et de l’avoir caché pour ne pas faire chuter la bourse.
Tensions sur l'acceptation d'une éventuelle défaite
Le débat s’est achevé sur cette question: "accepterez-vous votre éventuelle défaite?" Et même ensuite des questions encore plus précises: "Allez vous appeler vos supporters à rester calme et éviter des troubles civils". Preuve qu’il y a un doute dans l’esprit des américains.
Joe Biden a clairement répondu: "Oui si je perd, bien sûr, je l’accepte". Réponse plus ambiguë de Donald Trump. "On verra", dit-il, "le résultat le 3 novembre". Il insiste, le 3 novembre, pas un mois plus tard. Parce qu’il sait qu’il peut être en tête le soir du scrutin, puis finalement être battu avec l’arrivée des votes par correspondance. Il a redit cette nuit qu’il y avait selon lui, un risque de fraudes massives.
Et il a répété deux fois cette petite phrase inquiétante: "Ca ne va pas bien se terminer". Joe Biden a pris ces menaces avec une certaine légèreté en concluant. “Ne vous inquiétez pas, on comptera toutes les voix et s’il perd, il partira ! Il ne pourra pas s’accrocher. Vous n’aurez pas quatre ans de plus avec ce menteur".
Voilà le ton du pugilat auquel on a assisté.