Dispartion de Maddie en 2007: pourquoi les recherches sont relancées par les enquêteurs?

Les enquêteurs portugais et allemands ont repris mercredi leurs investigations près du lieu où a disparu en 2007 la fillette britannique Maddie McCann, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Des véhicules de police portugais et allemands se sont engagés mercredi, comme la veille, sur un chemin de terre à l'accès barré non loin de la station balnéaire de Praia da Luz, sur la commune de Lagos. Les opérations de fouille ont repris à 9 heures, selon une porte-parole de la police portugaise.
Mardi, les enquêteurs, dont environ 25 Allemands, avaient notamment mené des investigations autour d'un bâtiment en ruines, dans une zone boisée et pleine de broussailles.
Des recherches jusqu'à jeudi ou vendredi
Ces nouvelles recherches, qui devraient durer jusqu'à jeudi ou vendredi, sont menées dans le cadre d'un mandat émis par le ministère public de Brunswick (nord de l'Allemagne), qui dirige une enquête préliminaire contre Christian Brückner, un Allemand de 48 ans déjà condamné pour viol notamment, soupçonné par la justice allemande d'avoir tué Madeleine McCann.
C'est une course contre la montre pour les enquêteurs : la libération du suspect est prévue en septembre prochain. L’enjeu est clair : trouver rapidement des preuves solides pour éviter qu’il ne disparaisse dans la nature.
Connu des services de police, particulièrement pour des faits de violences sexuelles sur mineurs, le téléphone de Christian Brückner avait été repéré près de l’appartement des McCann le soir de la disparition. Il est suspecté par la justice au Portugal, où l’affaire a été maintenue ouverte. En Allemagne, le parquet mène une enquête préliminaire depuis plusieurs années mais n’a jamais pu le mettre en examen.
Des dizaines de pistes étudiées, en vain
18 ans années d’enquêtes sur cette affaire, 18 années d’enquête et de fausses pistes, douloureuses notamment pour la famille. La mère de Maddie elle-même avait un temps été mise en cause avant d’être blanchie.
Madeleine McCann allait avoir 4 ans lorsqu’elle a disparu, le 3 mai 2007. La petite dormait dans l’appartement de vacances de la famille, avec son frère et sa sœur, plus jeunes, des jumeaux. Les parents dînaient au restaurant du complexe touristique, avec des amis. L’affaire a bouleversé le Royaume-Uni et bien au-delà. Pendant des années, les polices britanniques, portugaises, ainsi qu’Interpol ont exploité des dizaines de pistes, en vain.
Qu’est-ce qu’on peut encore rechercher aujourd’hui ? Depuis mardi une cinquantaine d’enquêteurs portugais et 25 agents allemands inspectent un terrain boisé à Lagos, dans l’Algarve. Un site connu pour avoir été fréquenté par Christian Brückner: une ferme abandonnée, un bâtiment en ruines où il se serait caché à l’époque de la disparition de la fillette de 3 ans. Cette zone se situe à quelques kilomètres seulement de l’appartement où résidait la famille McCann à Praia da Luz.
Les dernières fouilles remontent à 2023, autour d’un lac de l’arrière-pays. Elles n’avaient rien donné. Les enquêteurs vont inspecter jusqu’à vendredi. À la recherche, peut-être, de vêtements qui pourraient avoir été dissimulés dans la zone, voire de restes humains. Une opération encadrée par un mandat européen émis depuis l’Allemagne.
Nouveaux outils, nouvelle technologie
Cette enquête ancienne va profiter de nouveaux outils. Ce qui change aujourd’hui, c’est la technologie. Les agents utilisent un radar GPR, un radar de pénétration du sol. Un engin qui émet des ondes électromagnétiques à haute fréquence, réfléchies lorsqu’elles rencontrent une anomalie souterraine. Ce radar est capable de sonder jusqu’à 4 mètres et demi sous la surface.
Des pompes hydrauliques vont aussi drainer des zones inondées. Des zones difficilement accessibles doivent également être défrichées. Malgré le passé du suspect, la justice ne dispose pas d’assez d’éléments pour l’inculper formellement. Christian Brückner a un casier chargé, pour ne pas dire très lourd : 17 condamnations, dont des faits de viol, de pédopornographie et de violences sur mineurs.
En 2016, des supports numériques retrouvés dans une maison abandonnée qu’il utilisait ont révélé des éléments compromettants : des disques durs contenant des images pédopornographiques, des conversations Skype avec d’autres pédophiles, des écrits détaillant ses fantasmes d’enlèvement d’enfants. Mais rien de directement lié à Maddie.
Libération du suspect en septembre
Son téléphone a bien été repéré sur place le soir de la disparition, en 2007, mais c’est tout. Des correspondances en prison ont aussi filtré. Brückner, interrogé par des journalistes allemands, nie les faits et déplore que tout le monde, la justice allemande la première, le considère comme coupable. Il clame son innocence. Les juges ont besoin de bases solides pour le poursuivre avant sa libération à la fin de l’été.