Élection américaine: la victoire de Donald Trump va-t-elle bouleverser la guerre en Ukraine?

C'est un scénario qui était redouté par bon nombre d'Ukrainiens, celui d'une victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine. Les médias américains ont annoncé sa victoire ce mercredi 6 novembre et le candidat républicain s'est déclaré vainqueur dans la matinée. Il a depuis déjà reçu les félicitations de plusieurs dirigeants internationaux comme Emmanuel Macron et notamment Volodymyr Zelensky.
Le président ukrainien a félicité, sur le réseau social X, le futur 47e président des États-Unis pour son "impressionnante victoire" et a dit "apprécier [son] engagement en faveur de l'approche de "la paix par la force", un "principe qui peut concrètement permettre d'aboutir à une paix juste".
Il avait rencontré Donald Trump en septembre dernier, lui présentant son "plan de la victoire", qu'il avait également dévoilé à Joe Biden et Kamala Harris. Le mois dernier, le président ukrainien avait déclaré vouloir une" fin juste et rapide de cette guerre (...) Je voudrais voir cela pas plus tard que l'année prochaine, 2025".
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Si son retour à la Maison Blanche inquiète les Ukrainiens et une partie de l'UE, c'est parce que les déclarations du millardaire lors de sa campagne ont laissé entrevoir, en cas de retour au pouvoir, un futur fléchissement du soutien américain à Kiev dans sa lutte contre l'invasion russe. Depuis le début du conflit, en février 2022, les États-Unis sont le plus grand donateur en faveur de l'Ukraine, avec plus de 60 milliards d’euros d’aide militaire et un soutien indéfectible montré par Joe Biden.
Fin de la guerre en Ukraine "en 24 heures"
Donald Trump a de son côté affirmé à plusieurs reprises qu'il "mettrait fin à la guerre en Ukraine en 24 heures", assurant notamment en mai 2023 "bien connaître Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky". Le républicain n'a jamais donné de détails sur ses intentions, mais n'a jamais publiquement souhaité la "victoire" de Kiev et est régulièrement accusé d'avoir de l'admiration pour Vladimir Poutine. Pour rappel, lors de son débat en septembre face à Kamala Harris, il avait déclaré: "Je veux que la guerre soit réglée".
Le candidat républicain a également critiqué à plusieurs reprises le montant des aides américaines envoyées à Kiev. Entre fin 2023 et début 2024, les républicains partisans de Trump avaient bloqué au Congrès l'assistance militaire américaine, forçant les forces ukrainiennes à rationner les obus et permettant à la Russie de pousser son avantage. À noter que la nouvelle enveloppe finalement votée en avril par le Congrès américain est censée aller jusqu’au printemps 2025.
Poutine avait loué la "sincérité" de Trump "pour mettre fin au conflit"
De son côté, Vladimir Poutine, s'il avait préablement affirmé son soutien à Kamala Harris, a loué le 24 octobre, lors du sommet des Brics, à Kazan, la "sincérité" de Donald Trump "pour mettre fin au conflit en Ukraine, niant cependant avoir échangé avec lui à plusieurs reprises au téléphone. Donald Trump et son équipe ciblent la Chine comme davantage "le principal problème des années à venir et espèrent que la Russie les aidera dans cette confrontation", a estimé dans les colonnes de Libération Fiodor Loukianov, animateur du Club de Valdaï, un cénacle proche du Kremlin.
Concessions territoriales
Mais Donald Trump a-t-il réélement un plan pour mettre fin au conflit? Il serait largement favorable à la Russie, rappelle l'AFP. Il s'agirait ainsi de démilitariser la zone actuellement occupée par Moscou (soit 20% du territoire ukrainien dont la région orientale du Donbass) sans que Kiev n'en reprenne le contrôle. Et l'Ukraine devra renoncer à rejoindre l'Otan, comme le veut le Kremlin. Une solution exclue par Volodymyr Zelensky.
Depuis octobre, l'armée russe a progressé de presque 500 km2 en Ukraine, gain territorial le plus important sur un mois depuis mars 2022 et les premières semaines du conflit, tandis que l’armée ukrainienne souffre d’un manque d’armes et d’équipements, et ce alors que l'UE bloque toujours sur l'usage de leurs missiles en territoire russe.
Donald Trump va jouir d'un "très large pouvoir"
Avec la reconquête du Sénat par les républicains, en plus de la Chambre des représentants, Donald Trump "aura un très large pouvoir", a estimé ce mercredi sur RMC Philippe Etienne, ancien ambassadeur de France aux Etats-Unis et conseiller diplomatique d'Emmanuel Macron entre 2017 et 2019. "L'Ukraine est un sujet que l'on peut qualifier d'existentiel pour nous, avec la menace de l'invasion russe", a-t-il jugé.
"Est-ce pour autant il faut renoncer à rechercher la coopération transatlantique avec Trump? Non, bien sûr il faudra travailler" avec les États-Unis. "En principe, ça reste un allié. Pour nous, c'est un allié. Les États-Unis jouent un rôle pour notre sécurité et la sécurité de notre continent", a déclaré, très précautionneux, Philippe Etienne, rappelant que "Trump avait, déjà dans son premier mandat, du mal avec la notion d'allié". "C'est un rapport transactionnel, y compris avec ses alliés. Il n'a jamais été à l'aise avec l'Otan."
Emmanuel Macron et Olaf Scholz appellent à une Europe "plus forte"
Pour le diplomate, l'élection de Donald Trump "devrait donner une impulsion à l'UE. Indépendamment de l'élection de Trump, il y a tellement d'enjeux, on doit aller de l'avant de manière très volontaire". Le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz ont convenu mercredi "d'œuvrer pour une Europe plus unie, plus forte, plus souveraine" après la victoire quasi certaine de Donald Trump à la présidentielle américaine.
"Nous allons œuvrer pour une Europe plus unie, plus forte, plus souveraine dans ce nouveau contexte. En coopérant avec les Etats-Unis et en défendant nos intérêts et nos valeurs", a écrit sur X Emmanuel Macron. Un porte-parole du gouvernement allemand avait auparavant indiqué à l'AFP que les deux hommes avaient eu un entretien téléphonique pour "se coordonner étroitement".