"Expliquez-nous"- Tensions entre Emmanuel Macron et Jair Bolsonaro: au fond, qui a raison?

Ce n’est toujours pas terminé, la querelle entre la France et le Brésil se poursuit, les Brésiliens refusent maintenant l'aide du G7. On en parlait mardi sur RMC avec l’ambassadeur du Brésil, le ton monte entre les présidents Français et Brésilien et dans un langage bien peu diplomatique.
Comment en est-t-on arrivé là? Reprenons les choses dans l’ordre. Et en essayant de prendre en compte aussi le point de vue brésilien.
Qui a commencé?
C’est la France. C’est bien Emmanuel Macron qui lance le débat avec un tweet à la veille du G7, qui dit: "Notre maison brûle littéralement. L'Amazonie, le poumon de notre planète qui produit 20% de notre oxygène, est en feu, rendez vous au G7 pour traiter de cette crise"
Ce tweet agace les Brésiliens forcément. Ils n’ont pas été prévenus, ils y voit une ingérence dans leurs affaires intérieures. Les Brésiliens font remarquer que la photo qui illustre le tweet est très ancienne, que les incendies de cet été ne sont pas les plus importants de ces 15 dernières années (ce qui est vrai). Que l’Amazonie ne produit pas 20% de l'oxygène de la planète mais plutôt 5% (c’est encore vrai).
Bref, vu du Brésil, ce tweet de Macron est une agression. Pour eux le président Français dramatise une crise réelle pour se donner le beau rôle.
La guerre sur le Mercosur
Le problème ce sont les mots et le ton employés pour répondre à Emmanuel Macron. Bolsonaro, ses ministres, son fils dépassent les bornes, de la vulgarité et de l'inélégance. Ils se déchaînent et traitent le président français de “Crétin” ou d’”abruti”. Vous en avez parlé mardi avec l’ambassadeur. Il y a surtout le président brésilien qui aime et commente sur Facebook un montage de photos ironisant sur l'âge de Brigitte Macron. C’est inacceptable.
La suite, c’est qu’Emmanuel Macron indique que dans ces conditions la France ne va pas signer le Mercosur, l’accord commercial entre l’Europe et la plus grande partie de l’Amérique Latine.
D’une querelle de cour de récré, on est finalement passé à un acte de guerre commerciale. Certains s’en réjouissent, comme les agriculteurs français qui avaient peur de l’arrivée de viande brésilienne et argentine. D’autres le regrettent, comme les Allemands qui pensaient pouvoir plus exporter. Bien plus que les noms d’oiseau, c’est cette affaire de l’accord commercial qui est importante.
Les 17,9 millions d’euros promis par les 7 pays les plus riches, ça ressemble a une aumône, presque insultante pour le coup
Le dernier épisode c’est que Javier Bolsonaro refuse l’aide financière débloqué par le G7, tant que Macron n’aura pas retiré ses insultes. Macron a vraiment insulté Bolsonaro?
Un peu. Il l’a traité de “menteur” sur sa volonté d'appliquer ou non les accords de Paris. Il a dit lundi: “J'espère que le Brésil aura bientôt un président qui se comporte à la hauteur”. Ce qui n’est pas très amical.
Quant à la secrétaire d’Etat à l’Ecologie, Brune Poirson, elle a dit qu’elle était prise de “dégoût” quand elle entendait Bolsonaro. Au nom de tout ça, les Brésiliens refusent l’aide du G7. Ce qui n’est pas un gros sacrifice, parce que les 17,9 millions d’euros promis par les 7 pays les plus riches, franchement ça ressemble a une aumône, presque insultante pour le coup.
Ca fait un peu plus de 2 millions et demi par pays du G7. Alors que Leonardo DiCaprio a lui tout seul a promis 5 millions de dollars pour la forêt amazonienne.