Exploitation sexuelle, orgies, lien avec Justin Bieber... Le procès hors-normes de P Diddy est lancé

Un procès d'une envergure hors-norme débute ce lundi aux États-Unis. Celui du rappeur et producteur américain P Diddy. Ce dernier est poursuivi pour trafic sexuel, transport à des fins de prostitution et complot de racket.
Le présumé coupable est accusé d’avoir, ces 20 dernières années, transformé son empire musical en machine d’exploitation sexuelle, impliquant des menaces, des drogues, des vidéos cachées et un réseau de complices. Sous kétamine ou ecstasy, il aurait imposé des marathons sexuels de plusieurs heures aux victimes.
Son ex-compagne ouvre une brèche en 2023
P Diddy, anciennement Puff Daddy, et de son vrai nom Sean Combs est âgé de 55 ans. Rappeur, mais surtout producteur, il a lancé Mary J. Blige, produit The Notorious B.I.G., Usher et un très grand nombre de stars. Dans les années 2000, il était partout.
La chute commence en 2023. Cassie Ventura, ex-compagne de Diddy, porte plainte. Elle dénonce treize années de violences physiques, de rapports imposés avec des prostituées, de la soumission chimique, des menaces de représailles et du chantage à la vidéo intime. L’affaire se règle par un accord financier, mais c'est trop tard. À partir de cette première affaire, des accusations ont émergé.
Une vague qui s'est renforcée après la révélation d'une vidéo de surveillance d'un hôtel, datant de 2016, par CNN. Dans celle-ci, P Diddy frappe violemment Cassie, son ex-compagne.
Dans sa plainte, cette dernière évoquait des soirées baptisées "freak-offs", dans lesquelles P Diddy organisait des orgies. L'Américain promettait une aide financière, ou une aide dans leur carrière à des femmes. Plusieurs participantes ont porté plainte, évoquant des faits de viols, d'intimidations et de séquestrations.
Depuis, les témoignages se sont multipliés. Les plaintes aussi. Par centaines. Le producteur a été arrêté l'été dernier. Il est incarcéré. Ses demandes de libération ont été refusées. Les juges estiment qu’il existe un risque de pression sur les témoins.
Un procès inédit
Ce procès est exceptionnel, puisque deux nouvelles lois permettent désormais à la justice de poursuivre des faits anciens, car la prescription peut être suspendue. Les enquêteurs évoquent un mode opératoire répété, presque industriel. P Diddy est également jugé pour "complot en vue de commettre un racket." Son empire du disque est considéré comme une organisation criminelle et une entreprise d’exploitation sexuelle.
La sélection du jury fait l’objet de mesures inédites. Comme ces questionnaires : "Avez-vous déjà entendu une chanson de P Diddy ?", "Avez-vous une opinion sur le mouvement #MeToo ?", "Pensez-vous que les célébrités sont traitées différemment par la justice ?". Il faut éviter les biais, les fans comme les militants.
Cette affaire fait trembler l'ensemble de l'industrie musicale. Plusieurs stars sont citées dans l'affaire, et des vidéos, des photos et des messages privés sont versés au dossier. Ce qui peut constituer des preuves solides. Ces stars ne sont pas poursuivies, mais elles auraient notamment participé aux soirées organisées par le producteur.
Parmi elles, Jennifer Lopez qui a partagé la vie de P Diddy pendant plusieurs années, le couple Jay Z et Beyoncé, Naomi Campbell, Usher, Kim Kardashian, Leonardo di Caprio.
Un duel d'avocats médiatiques
Le cas de Justin Bieber interroge davantage en raison de sa proximité passée avec P Diddy lorsqu’il était mineur. Une vidéo de 2009 est ressortie en ligne dans laquelle les deux hommes sont côte à côte. Le rappeur y déclare: "Il va passer 48 heures avec moi. Ce qu'on va faire, on ne peut pas vraiment le dire, mais c'est le rêve de tout adolescent de 15 ans." Une déclaration semant le doute qui a ouvert la porte à de nombreuses suppositions.
Ce procès sera aussi un duel d'avocats. D’un côté, Tony Buzbee, avocat texan médiatique, qui a déposé la première salve de plaintes contre P Diddy. Il parle d’un "système d’exploitation pensé pour durer " et promet de dévoiler un réseau d’ampleur.
En face, Marc Agnifilo, qui a notamment défendu Dominique Strauss-Kahn dans l'affaire du Sofitel. Il assure que les relations étaient consenties, il parle d’un "style de vie échangiste", revendiqué et assumé. Le procès devrait durer entre huit et dix semaines. P Diddy risque la prison à perpétuité.