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Israël mènera une offensive à Rafah même sans le soutien des Etats-Unis, veto à l'ONU à un cessez-le-feu

Benjamin Netanyahu sur CBS le 25 février 2024

Benjamin Netanyahu sur CBS le 25 février 2024 - CBS

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a fait savoir vendredi au secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, qu'Israël comptait bien mener une offensive à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, même si les Etats-Unis devaient ne pas le soutenir. Et ce alors que Chinois et Russes ont mis leur veto à l'ONU à un projet de résolution américaine portant sur la nécessité d'un "cessez-le-feu immédiat".

Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, a rencontré vendredi en Israël Benjamin Netanyahu, pressé d'agir pour accroître l'aide humanitaire à Gaza, alors que Chinois et Russes ont mis leur veto à l'ONU à un projet de résolution américaine portant sur la nécessité d'un "cessez-le-feu immédiat". Le Premier ministre israélien a affirmé à Anthony Blinken qu'Israël mènera une offensive à Rafah, même sans le soutien des Etats-Unis.

Arrivé dans la matinée à Tel-Aviv en provenance du Caire, dans le cadre d'une tournée régionale, Anthony Blinken a rencontré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pendant une quarantaine de minutes, avant de participer à une réunion du cabinet de guerre.

"Pas la possibilité de défaire le Hamas sans entrer dans Rafah"

En dépit des pressions internationales, Benjamin Netanyahu affirme qu'une offensive terrestre sur Rafah est nécessaire pour "vaincre" le Hamas. J'ai dit que nous n'avions pas la possibilité de défaire le Hamas sans entrer dans Rafah et sans éliminer les bataillons qui y restent. Je lui ai dit que j'espérais le faire avec le soutien des Etats-Unis, mais s'il le faut, nous le ferons seuls", a-t-il dit dans une déclaration après sa rencontre à Tel-Aviv avec le responsable américain.

"Je lui ai dit que j'appréciais vraiment le fait que nous ayions été unis dans la guerre contre le Hamas pendant plus de cinq mois. Je lui ai aussi dit que nous reconnaissions la nécessité d'évacuer la population civile des zones de guerre et de prendre en charge les besoins humanitaires, et bien sûr nous oeuvrons en ce sens", a encore dit le chef du gouvernement.

En attendant cette éventuelle opération, de nouvelles frappes aériennes israéliennes ont eu lieu dans la nuit de jeudi à vendredi dans cette ville, où une maison a été en grande partie détruite. "La maison a été frappée pendant que les gens dormaient. Parmi eux se trouvaient des enfants et des personnes innocentes (...) Ils ont été mis en pièces", dit Nabil Abou Thabet, un habitant.

Résolution à l'Onu: un texte "hypocrite" selon la Russie

Un projet de résolution au Conseil de sécurité de l'ONU, présenté par les Etats-Unis, sur un "cessez-le-feu immédiat n'a pas été adopté en raison des veto russe et chinois. Le texte soulignait "la nécessité d'un cessez-le-feu immédiat et durable pour protéger les civils de tous côtés, permettre la fourniture de l'aide humanitaire essentielle". L'ambassadeur russe a dénoncé un texte "hypocrite" qui n'appellait pas directement à faire taire les armes. Emmanuel Macron a de son côté exprimé vendredi sa volonté de trouver "un accord" au Conseil de sécurité de l'ONU sur la base d'un texte français.

Les Etats-Unis ont déjà mis leur veto à plusieurs résolutions appelant à un cessez-le-feu, estimant que cela aurait bénéficié au Hamas, considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis, Israël et l'Union européenne.

Mais face à la situation humanitaire "effroyable" dans la bande de Gaza, Washington intensifie ses efforts pour parvenir à une trêve, acheminer de l'aide et éviter une offensive terrestre sur Rafah, ville à la frontière égyptienne où s'entassent selon l'ONU environ 1,5 million de Palestiniens, la majorité déplacés par la guerre. "Il y a de meilleurs moyens de gérer la menace du Hamas", a déclaré jeudi Anthony Blinken, qualifiant "d'erreur" une éventuelle invasion terrestre de Rafah. 

Le Royaume-Uni et l'Australie appellent à la "fin immédiate des combats"

Le Royaume-Uni et l'Australie ont appelé vendredi à une "fin immédiate des combats" dans la bande de Gaza, pour y permettre "l'acheminement de l'aide et la libération des otages" enlevés en Israël le 7 octobre lors de l'attaque sanglante du Hamas.

Les discussions sur une trêve se poursuivent vendredi à Doha, où le chef du Mossad, les services de renseignement israéliens, David Barnea, doit rencontrer le directeur de la CIA, William Burns, le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahman Al-Thani, et le chef des services de renseignement égyptiens, Abbas Kamel. "Le fossé se réduit" dans ces négociations pour une trêve associée à une libération d'otages, a affirmé jeudi Anthony Blinken, parlant d'un accord "toujours possible".

Après cinq mois et demi de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas dans le territoire palestinien assiégé, au bord de la famine, Washington cherche aussi à convaincre son allié d'éviter une offensive terrestre d'envergure sur la ville surpeuplée de Rafah, redoutant de lourdes pertes civiles.

Sur le terrain, les affrontements ne connaissent aucun répit à travers le territoire palestinien, notamment dans et autour de l'hôpital al-Chifa, le plus important du territoire, où l'armée israélienne a affirmé vendredi avoir tué plus de 150 combattants palestiniens et arrêté des centaines de suspects depuis le début de la semaine.

LM avec AFP