Guerre en Ukraine: Kiev favorable à ce que Moscou participe à un prochain sommet pour la paix

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky en Suisse, le 16 juin 2024. - DIMITAR DILKOFF / AFP
Pour la première fois, Volodymyr Zelensky s'est dit, ce lundi 15 juillet 2024, favorable à ce que la Russie participe à un prochain sommet pour la paix organisé par Kiev, après de premières discussions mi-juin en Suisse qui s'étaient tenues sans Moscou, comme le rapporte l'Agence France-Presse.
"Je pense que des représentants russes devraient participer à ce deuxième sommet", a déclaré le président ukrainien lors d'une conférence de presse à Kiev. Il a même espéré qu'un "plan" en vue d'une telle rencontre puisse être prêt en novembre.
Il n'a pas pour autant évoqué l'arrêt des hostilités, mais l'établissement "d'un plan" sur trois sujets: la sécurité énergétique de l'Ukraine, dont l'infrastructure a été ravagée par les bombardements russes, la libre navigation en mer Noire et les échanges de prisonniers.
Perspectives de paix au point mort
Après près de deux ans et demi d'attaque à grande échelle, la Russie occupe toujours près de 20% du territoire ukrainien. Les perspectives d'un cessez-le-feu, voire d'une paix durable, entre Kiev et Moscou sont minimales à ce stade.
C'est la première fois toutefois que Volodymyr Zelensky émet l'idée de discussions avec la Russie sans retrait russe préalable de son territoire. Par le passé, il avait aussi juré ne pas vouloir discuter avec la Russie tant que son homologue Vladimir Poutine serait au pouvoir. Il avait même signé un décret rendant illégales des négociations avec Moscou.
L'Ukraine, son président en tête, affirme régulièrement vouloir reprendre l'ensemble des territoires occupés par son voisin russe, dont la péninsule de Crimée, annexée par la Russie en 2014. Condition sine qua non pour Kiev avant toute discussion de paix donc: le retrait total des forces russes présentes actuellement sur le sol ukrainien, soit près de 700.000 militaires, selon les chiffres présentés par Vladimir Poutine.
Le président russe, qui a lancé l'invasion de l'Ukraine en février 2022, a répété à maintes reprises ses "conditions": l'abandon des quatre régions dont Moscou revendique l'annexion en plus de la Crimée, et l'assurance que Kiev renonce à rejoindre l'Otan. Or ces exigences ont été balayées par Kiev et ses soutiens occidentaux.
Des précédentes tentatives
Dès les premières semaines de l'invasion russe en 2022, des délégations russe et ukrainienne s'étaient rencontrées en Biélorussie, puis en Turquie, pour essayer de parvenir à un accord de paix. Ces tentatives avaient échoué, la Russie assurant depuis que c'étaient les Occidentaux qui avaient fait échoué les discussions.
En 2022, l'Ukraine avait déjà proposé un plan de paix en dix points, soutenu par l'Occident, impliquant le retrait inconditionnel des forces russes du territoire ukrainien. Une proposition déclinée par Moscou.
En février 2023, la Chine, alliée de la Russie, avait présenté son propre plan de paix pour l'Ukraine, sans toutefois que Moscou et Kiev ne s'en emparent pour faire reprendre les discussions.

Un premier sommet sur la paix en Ukraine a été organisé mi-juin 2024 en Suisse. Une centaine de pays étaient représentés. La Russie n'avait pas été conviée. La Chine, allié diplomatique et économique de Moscou, avait décidé de ne pas participer.
Viktor Orban, Premier ministre hongrois et interlocuteur privilégié du Kremlin dans l'Union européenne, était début juillet à Kiev puis Moscou dans l'espoir de faire bouger les lignes. Mais il s'est attiré en réponse les foudres de ses homologues européens pour son déplacement. L'issue de l'élection présidentielle aux États-Unis, principal allié de l'Ukraine, en novembre pourrait jouer un rôle important dans la suite du conflit.