Hollande veut rompre avec l'austérité, se distinguer de Sarkozy

François Hollande a marqué mardi, dès son premier discours de président de la République, une forte volonté de rupture avec son prédécesseur Nicolas Sarkozy et les politiques d'austérité voulues par l'Allemagne dans l'Union européenne. /Photo prise le 15 - -
Le septième président de la Ve République française, le deuxième issu du Parti socialiste, a réaffirmé ce mardi sa promesse de "redresser le pays dans la justice" et estimé que la France avait besoin d'"apaisement" et de "réconciliation". "La première condition de la confiance retrouvée, c'est l'unité de la nation" mais "la confiance c'est aussi l'exemplarité", a déclaré François Hollande avant de décliner la façon dont il concevait son mandat de chef de l'Etat.
"Je fixerai les priorités mais je ne déciderai pas de tout ni à la place de tous (...) Le pouvoir d'Etat sera exercé avec dignité mais simplicité, avec une grande ambition pour le pays et une scrupuleuse sobriété dans les comportements", a-t-il poursuivi -autant de critiques en creux de la façon dont Nicolas Sarkozy a exercé le pouvoir ces cinq dernières années. Il a promis d'ouvrir "une nouvelle voie en Europe" en proposant à ses partenaires européens un pacte qui allie la croissance à la restauration des comptes publics. "En ce jour, bien des peuples et d'abord en Europe nous attendent et nous regardent. Pour surmonter la crise qui la frappe, l'Europe a besoin de projets, elle a besoin de solidarité, elle a besoin de croissance", a-t-il dit. "A nos partenaires, je proposerai un nouveau pacte qui alliera la réduction nécessaire des dettes publiques avec l'indispensable stimulation de l'économie", a-t-il poursuivi.
A Berlin
Le nouveau président doit s'envoler dans l'après-midi pour Berlin, où il rencontrera la chancelière Angela Merkel pour tenter d'obtenir une renégociation du pacte européen de discipline budgétaire pour stimuler la croissance. Il a rendu hommage à l'apport de tous leurs prédécesseurs -Charles de Gaulle, Georges Pompidou, Valéry Giscard d'Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac. Mais pour Nicolas Sarkozy, il s'est borné à adresser des voeux "pour la nouvelle vie qui s'ouvre à lui".
Le président sortant l'avait accueilli au bas du perron de l'Elysée, devant plusieurs centaines de journalistes, photographes et cameramen et une unité de gardes républicains. Les deux hommes ont échangé une première poignée de main, puis de nouveau sur le perron pour les photographes. Ils ont ensuite eu un entretien de 35 minutes, un peu plus long que ce qui était prévu par le protocole. Nicolas Sarkozy devait attirer l'attention de son successeur sur des dossiers délicats n'ayant pas vocation à être rendus publics, lui remettre éventuellement des notes sur ces sujets, et évoquer le sort de certains de ses collaborateurs. Après quoi le chef d'Etat-major particulier du président de la République a informé François Hollande, nouveau chef des armées, des procédures relatives à la dissuasion nucléaire.
Nicolas Sarkozy et François Hollande ont rejoint dans le hall leur conjointe respective, Carla Bruni-Sarkozy, en tailleur pantalon sombre, et Valérie Trierweiler, en robe noire et veste blanche, pour échanger encore quelques mots.
Pluie battante
Le président sortant et son épouse ont gagné leur voiture main dans la main et ont quitté l'Elysée avec un dernier salut de la main au personnel rassemblé dans la cour d'honneur. Le nouveau couple présidentiel n'a pas attendu leur départ pour gagner les salons où se s'est poursuivie la cérémonie selon un rite bien rodé en présence de 400 personnes - représentants des corps constitués, des autorités administratives, judiciaires et religieuses et des partenaires sociaux, ainsi qu'une trentaine d'invités personnels de François Hollande, dont quatre anciens premiers ministres socialistes et une dizaine de lauréats français de prix Nobel. On pouvait aussi reconnaître la fille de François Mitterrand, Mazarine Pingeot, l'homme d'affaires Pierre Bergé et la première secrétaire du PS Martine Aubry. François Hollande, suivi par les présidents des deux assemblées, est entré au son d'un air de Jean-Philippe Rameau dans la salle des fêtes, où le président du Conseil constitutionnel Jean-Louis Debré a proclamé les résultats de l'élection présidentielle. Puis le chef de l'Etat s'est vu présenter le grand collier de Grand maître de l'Ordre national de la Légion d'honneur composé de 16 anneaux d'or, avant de prononcer son allocution devant une fenêtre donnant sur le parc fleuri de l'Elysée.
Contrairement à Nicolas Sarkozy, dont la famille recomposée était présente lors de son investiture le 16 mai 2007, le nouveau chef de l'Etat n'avait invité à cette cérémonie ni ses enfants ni ceux de Valérie Trierweiler. Le président et sa compagne ont fait le tour des invités.
Après leur départ, l'ancien Premier ministre socialiste Pierre Mauroy a dit ressentir "une joie profonde" et salué une manifestation "d'autant plus forte qu'elle est simple". Après avoir passé en revue des unités des trois armées dans le parc de l'Elysée, François Hollande, a parcouru sous une pluie battante les Champs-Elysées en saluant les Parisiens par le toit ouvrant de sa DS5 et a ravivé, le costume trempé et l'air grave la flamme du soldat inconnu sous l'Arc de Triomphe.