Interrogatoires, confrontations... Ce qui attend Nicolas Sarkozy après sa mise en examen
Coup de tonnerre dans l'enquête sur les soupçons de financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Après plus de 24 heures de garde-à-vue dans les locaux de l'Office anticorruption, l'ancien chef de l'Etat a été mis en examen.
Trois chefs d'inculpation: corruption passive, financement illégal de campagne électorale et recel de fonds publics libyens. L'ancien président de la République est également placé sous contrôle judiciaire. Nicolas Sarkozy nie pour l'instant les faits qui lui sont reprochés.
Concrètement, que signifie la mise sous contrôle judiciaire?
"On peut décider de plusieurs sortes de mesures. Par exemple: ne pas sortir du territoire français, verser une caution ou ne pas contacter d'autres protagonistes de l'affaire, d'autres personnes mises en examen ou simplement des témoins. Pour un ancien président de la République, je crois que c'est la première fois que ça se produit. En tout cas M. Sarkozy lui-même dans les autres affaires où il a été concerné par une instruction, n'a jamais été mis sous contrôle judiciaire" note Evelyne Sire-Marin, vice-présidente du tribunal de grande instance de Paris.
Interrogatoires sur le fond et confrontations
Alors quelles seront les prochaines étapes de l'instruction pour Nicolas Sarkozy? "La prochaine étape, c'est indiscutablement d'être convoqué pour un interrogatoire sur le fond puisqu'il semble qu'aujourd'hui, M. Sarkozy ne se soit pas exprimé sur le fond de l'affaire comme c'est son droit. Donc il va être convoqué pour un ou plusieurs interrogatoires sur le fond. Nécessairement, il y aura des confrontations avec les autres mis en examen, puisqu'il y au moins M. Guéant dans cette affaire. Ensuite, les avocats auront droit de demander des actes, des expertises pour essayer de montrer qu'il est innocent".
Cette affaire n'est pas la seule dans laquelle Nicolas Sarkozy est mis en cause. Il a été renvoyé en correctionnelle en février 2017 par le même juge Serge Tournaire, pour financement illégal de campagne électorale, mais cette fois pour la présidentielle de 2012. Il a fait appel de ce renvoi.
Menacé d'un procès dans l'affaire "des écoutes"
Nicolas Sarkozy, 63 ans, est aussi menacé d'un procès dans l'affaire dite "des écoutes". Il est suspecté d'avoir tenté d'obtenir d'un magistrat à la Cour de cassation, Gilbert Azibert, des informations le concernant couvertes par le secret.
Sa mise en examen dans le dossier libyen marque un formidable coup d'accélérateur dans cette affaire instruite par des magistrats du pôle financier depuis près de cinq ans.
Depuis la publication en mai 2012 par le site Mediapart d'un document libyen accréditant un financement d'environ 50 millions d'euros, pour permettre notamment à la Libye de sortir de son isolement diplomatique, les investigations ont considérablement avancé.