"Ça a bombardé juste à côté": un journaliste filme son déplacement vers le sud de la bande de Gaza

Avec près de 200.000 Palestiniens ayant fui le nord de Gaza depuis trois jours, l'ONU estime que plus d'1,5 million de personnes se sont désormais enfuies vers le sud de l'enclave palestinienne.
Pilonné sans relâche, le territoire est plongé dans une situation humanitaire catastrophique. Un siège total imposé par Israël depuis le 9 octobre, après l'attaque terroriste du Hamas sur le sol de l'Etat hébreu, prive la population d'eau, d'électricité, de nourriture et de médicaments.
Parmi eux, Rami Abou Jammous. Ce journaliste francophone, habitant de la ville de Gaza (au nord de la bande), a rejoint la ville de Rafah, tout au sud de l'enclave, pour s'y réfugier avec sa femme et son fils de 2 ans et demi. Il a décidé de filmer son périple. Un document que RMC a pu se procurer.
Un parcours proche des échanges de tirs
C'est après une nouvelle nuit de bombardements, plus intenses que les précédentes, que Rami et sa famille décident de prendre la route, alors qu'il affirmait à nos confrères de Radio-Canada en octobre dernier qu'il ne se voyait pas quitter son domicile. "Ça a bombardé juste à côté, regardez c'est en bas de chez moi", dit-il dans la vidéo, montrant une pile de débris jonchant le sol.
Au lendemain matin de ces bombardements, des familles entières, valises et drapeau blanc à la main, quittent leur appartement. Avec son bras droit, Rami filme. Enroulé dans son bras gauche, son fils Walid, âgé de 2 ans et demi. "On va chercher maman", lui dit son père, dans une rue de Gaza, tout en rattrapant la mère de famille à quelques encablures devant le duo.
Alors qu'ils marchent, Rami et sa famille sont témoins de tirs par armes à feu à quelques dizaines de mètres d'eux, tout au plus. Les têtes se rétractent dans les épaules, mais le parcours continue pour les réfugiés.
"Le début de l'exode"
Plus loin, sur le trottoir à même le sol, un voisin grièvement blessé pleuré par son père attire l'attention. Une scène désormais devenue courante dans les rues de Gaza, émaillées par les bombardements et les tirs.
Rami et sa famille voyagent d'abord sur une simple carriole tirée par un cheval. Pour tenter de distraire son fils, Rami demande à son fils: "Il est où le cheval? Montre-le moi!". Il réitère quelques instants plus tard, alors qu'un troupeau de moutons, cette fois-ci, est mené dans les rues de la ville.
Sur leur route, des bâtiments bombardés en ruine, un flux ininterrompu de civils qui comme eux fuient le nord de l'enclave. "Le début de l'exode", lâche Rami, téléphone en main.
Arrivé à destination, à l'extrême sud de la bande de Gaza, Rami et Walid peuvent souffler. "Ça fait longtemps que l'on n'a pas vu de légumes", dit le père de famille à la vue de sacs plastiques remplis de poivrons et d'autres denrées alimentaires.
A Rafah, la famille de Rami est hébergée par un ami à lui. Mais beaucoup de Gazaouis n'ont pas cette possibilité et sont restés dans le nord de l'enclave.
Dans ce petit territoire de 360 km2, les bombardements israéliens ont fait 11.180 morts, majoritairement des civils, incluant 4.506 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas, dont le dernier bilan remonte au dimanche 12 novembre.