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L'accord Macron-Starmer sur les migrants suscite de vives réactions: "Nous aurons l'immigration subie"

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Un accord inédit entre Londres et Paris a été conclu au dernier jour de la visite d'Emmanuel Macron au Royaume-Uni avec le Premier ministre britannique, Keir Steimer. Ce projet pilote inédit vise à dissuader les migrants de traverser la Manche. Et s'il doit désormais être soumis à la Commission européenne, il suscite déjà de vives réactions.

Emmanuel Macron a conclu sa visite d’Etat jeudi au Royaume-Uni par un accord avec le Premier ministre britannique Keir Starmer sur l’immigration illégale. Au moment où le nombre de traversées de petits bateaux à travers la Manche battent des records, les deux pays se sont mis d’accord sur l’expérimentation d’une nouvelle stratégie: le un pour un.

La Grande-Bretagne pourra renvoyer en France les migrants qui traversent. Et en échange, la France pourra envoyer côté anglais le même nombre d’étrangers, mais par la voie légale cette fois, s'il a de la famille sur place et s'il n'a jamais tenté de traverser.

Mais cela ne dit pas ce que la France fera de ceux qui seront expulsés par les autorités britanniques. Cinq pays de l'UE -Espagne, Grèce, Italie, Malte et Chypre- avaient quant à eux exprimé en juin leur "préoccupation".

“De la colère et de l’inquiétude”: voilà les premiers mots qui viennent à l'esprit de Flore Judet, la coordinatrice de l'Auberge des migrants. Dans leur entrepôt calaisien, entourée des membres de son association ont suivi en direct les annonces franco-britanniques.

“On est dans une déshumanisation des personnes. On parle de personnes qui ont déjà parcouru des milliers de kilomètres et voient le Royaume-Uni comme un dernier espoir. Ces 30 derniers kilomètres à parcourir, l’effet dissuasif, il ne va pas exister”, assure-t-elle.

Xavier Bertrand dénonce l'accord

Et quand ils seront renvoyés en France, s'interroge-t-elle qu'adviendra-t-il d'eux ? Là-dessus, trois scénarios se dessinent, répond Jean-Christophe Dumont. Lui est chef de la division migrations internationales à l'OCDE. “Nous aurons la possibilité de déposer une demande d’asile en France. Est-ce qu’ils seront renvoyer vers leur pays d’origine ou est-ce qu’ils seront vers un pays européen? La Grèce, l’Italie et l’Espagne, qui reçoivent le plus de personnes en situation irrégulière devront être associés à un accord qui les concerne”, appuie-t-il.

Pour Xavier Bertrand, président de la région Haut-de-France, l’accord “va aggraver la situation”.

“Tel qu'il est présenté, c'est un mauvais accord pour la France et un bon pour les Anglais. Ce sont eux qui vont décider ceux qui restent et ceux qui partent. Ils auront une immigration choisie et nous subit, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Avec les maires du littoral, nous allons écrire à Bruno Retailleau pour lui dire que ce n’est pas possible", appuie-t-il.

L'accord doit être examiné en Commission européenne en "toute transparence" dit le gouvernement anglais avant qu'il ne soit appliqué "dans les plus brefs délais."

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