L’armée de terre se dit "prête": pourquoi la France ne peut pas être seule face à la Russie

Gabriel Attal effectuera ce vendredi sa première visite aux armées à la base aérienne de Lyon-Mont Verdun. Une visite qui intervient dans un contexte de forte tension entre la France et la Russie, avec une guerre des mots entre Paris et Moscou. Une guerre de communication, à coup de mises en garde, de menaces et de mensonges. Et Gabriel Attal y participe. Mercredi soir, il a assumé de durcir le ton face à la Russie. Il l’a dit publiquement devant l’ambassadeur russe, qui a quitté la pièce… Pendant ce temps, à Moscou, le vice-président de l’Assemblée, Piotr Tolstoï, a traité Gabriel Attal de “pervers”, parce qu’homosexuel. Et interrogé par BFMTV, il a déclaré: "On va tuer tous les soldats français qui viendront en Ukraine". Dans cette guerre des mots, c’est Emmanuel Macron qui a dégainé le premier le 26 février lorsqu’il a annoncé qu’il n'excluait pas l’envoi de troupes au sol en Ukraine. Vladimir Poutine a ensuite répondu dans une interview à la télévision en brandissant la menace nucléaire…
Les Russes ont ensuite fait monter la pression en affirmant que la France s'apprêtait à envoyer des troupes en Ukraine. C’est le patron du SRV, le service de renseignements extérieurs, qui a affirmé cette semaine que la France était en train de se préparer pour envoyer 2.000 hommes en Ukraine. Et cet héritier du KGB a menacé: "Ces hommes, ces soldats français, deviendront pour nous une cible légitime". La France a aussitôt fermement démenti l’envoi de ces 2.000 hommes en parlant d’une “provocation irresponsable” qui illustre le recours systématique des Russes à la désinformation.
Avec l’Otan
Mais en même temps, l'armée française se dit prête. Le chef d'état-major de l'armée de terre prend la parole sous la forme d’une tribune dans Le Monde. Le général Pierre Schill assure que les soldats français répondront présent, que l'armée de terre se prépare aux engagements les plus durs… Et le général Schill entre dans les détails. Il précise que la France a la capacité d’engager 20.000 hommes dans un délai de 30 jours ou de commander un corps d'armée de 60.000 hommes avec une division française et deux divisions étrangères.
Selon ce que dit le chef d'état-major, la France aurait vraiment les moyens de faire la guerre à la Russie. Mais en réalité, on sait que l'armée française ne tiendrait pas longtemps dans une guerre de haute intensité. On a récemment rappelé ce chiffre: la France espère bientôt pouvoir produire 4.000 obus par mois, c’est ce que la Russie tire tous les jours en Ukraine… Le journaliste spécialisé Jean-Dominique Merchet avait calculé que l'armée française, avec ses 20.000 hommes opérationnels, pourrait ternir un front de 80 kilomètres seulement, la distance entre Lille et Dunkerque, alors que le front en Ukraine fait 1.000 kilomètres.
Seule face à la Russie, l'armée française ne serait donc pas en capacité de gagner une guerre. Mais la France seule face à la Russie, c’est une hypothèse absurde. La France fait partie de l’Otan et n’envisage une guerre que dans le cadre d’une coalition. Et là, le rapport de force n’est plus du tout le même. Les Etats-Unis et l’Europe ont largement les moyens de résister à la Russie. On n’en est pas là. On en est à la guerre des mots et peut-être à la préparation des esprits. Le général Schill le dit dans Le Monde, en latin: "si vis pacem, para bellum". Si tu veux la paix, prépare la guerre.