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La Belgique rétablit des contrôles à la frontière française: "C'est un énorme retour en arrière"

TEMOIGNAGES - La Belgique a annoncé mardi le rétablissement provisoire de contrôles à sa frontière avec la France, pour faire face à un éventuel afflux de migrants quittant la "Jungle" de Calais. Une nouvelle très mal accueillie dans le camp de migrants.

La justice n’a pas encore confirmé le démantèlement de la zone sud de la "Jungle" de Calais, mais la Belgique a décidé ce mardi de réinstaurer provisoirement des contrôles à ses frontières avec la France. Depuis plusieurs semaines, les autorités belges craignent en effet un afflux de migrants aux abords du grand port de Zeebruges, d'où partent des ferrys pour la Grande-Bretagne. Les contrôles seront également renforcés dans la zone portuaire. Mais l'annonce de la fermeture de cette frontière est un nouveau coup dur pour Kamal, interrogé au cœur du camp de migrants.

"On nous ferme la porte au nez"

Désormais, le jeune homme, qui a fui la guerre au Soudan, se sent plus que jamais rejeté par l’Europe: "C'est pourtant l'Europe des Droits de l'Homme mais quand ils mettent des contrôles aux frontières il n'y a pas de droits pour nous. C'est injuste de nous fermer la porte au nez". Alors ne compte plus que sur lui-même pour atteindre son objectif: rejoindre son frère en Angleterre.

"J’essaierai d'y aller par tous les moyens. Peu importe si c’est par la Belgique, la France, l’Espagne ou la Suisse, assure-t-il. Tout ce qui m’importe c’est d’y arriver". Le rétablissement des contrôles à la frontière entre la France et la Belgique est aussi très mal perçu par les bénévoles de la "Jungle" de Calais. Ainsi, Amélie qui se bat au quotidien pour aider les migrants se sent aujourd'hui impuissante.

"Absolument incroyable"

"On ferme les portes, on ferme les yeux… C'est un message fort de l'Europe qui est prête à faire des concessions énormes sur nos droits fondamentaux, sur tout ce qu'on a acquis, déplore-t-elle. C'est un énorme retour en arrière". Annabelle, bénévole, est, elle aussi, choquée par la décision de la Belgique. "Chacun pour sa gueule ! Je croyais qu'on était dans l'espace Schengen, mais non…, ne décolère-t-elle. C'est absolument incroyable !"

"Avant de fermer les frontières, il faudrait peut-être qu'ils se demandent à qui ils les ferment et pourquoi ces gens sont en migrance, poursuit-elle, très remontée. Il ne faut pas croire qu'ils s'amusent dans la "Jungle" à Calais ! On va déjà fermer une partie du camp ou on est en train de le faire et maintenant ils vont fermer les frontières à côté parce qu'ils ont peur. Mais venez voir ! Venez voir ce qu'il se passe, voir qui sont ces gens. Ce ne sont pas des gens qui font peur…"

Maxime Ricard avec Marion Dubreuil