"La diplomatie française est faible car elle a perdu son exemplarité", juge Dominique de Villepin

"La diplomatie n’est pas une matière opportuniste. On ne se réjouit pas, même s’il peut y avoir des conséquences positives. Ce que nous perdons à travers les initiatives israéliennes et américaines est sans doute plus important que ce que nous pourrions gagner en opportunité", tranche ce vendredi sur RMC Dominique de Villepin.
L'ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac estime qu'au regard de la situation internationale de ces derniers mois et années (guerre en Ukraine, guerre Israël-Hamas, Israël-Iran), la diplomatie française est "plus faible" qu'avant. Celle-ci aurait perdu son "exemplarité et sa capacité à dire le droit, la justice".
Reconnaissance de l'État palestinien: le moyen pour la France de "reprendre son leadership"
Le moyen, selon lui, pour la France de "reprendre le leadership" réside notamment dans la reconnaissance de l'Etat palestinien. "Mahmoud Abbas est affaibli parce qu’on ne crée pas les conditions pour avoir une autorité palestinienne capable de prendre les choses en main. Aujourd’hui, c’est un vide absolu", analyse Dominique de Villepin, sur le plateau des Grandes Gueules.
La conférence à l'ONU sur l'État palestinien, qui devait se tenir la mi-juin à New York, avait été reportée "pour des raisons logistiques et sécuritaires" mais "aura lieu au plus vite", avait déclaré le 13 juin Emmanuel Macron. Le président français avait évoqué la possibilité que la France reconnaisse l'État palestinien. "Quelles que soient les circonstances, j'ai dit ma détermination à reconnaître l'État de Palestine. Elle est entière, c'est une décision souveraine", avait-il insisté.
Villepin contre "l'occidentalisme"
"L’occidentalisme est le détournement de l’Occident, se repliant sur lui-même tout en continuant à vouloir prétendre dicter le cours du monde", considère l'ancien Premier ministre
Celui qui caracole en tête des sondages des personnalités politiques pose ainsi les contours de sa doctrine internationale: "À l’heure de la responsabilité, notre intérêt n’est pas de nous comporter en gendarmes du monde. C’est en ce sens que je dénonce l’occidentalisme : ne pas vouloir faire du parti monde, ne pas travailler avec le monde, mais continuer à vouloir dicter au monde ce qu’il doit faire — cela nous place en position d’accusés."
Un ordre mondial "plus juste et pacifique"
L'intéressé plaide ainsi pour l'anticipation "d'un ordre mondial plus juste et pacifique", rejetant le "militarisme, conséquence de la domination occidentale", arguant "tirer les leçons du passé".
"Ce que nous croyons être la solution pour répondre aux maux du monde — l’option militaire — n’est pas la réponse. Il faut prendre un autre chemin, un chemin qui permet de refuser l’essentialisation, la fabrique de l’ennemi, de sortir de cette opposition, de ce clivage entre l’Occident et le reste du monde", déroule Dominique de Villepin.