Le parcours de Georges Ibrahim Abdallah, un des plus anciens détenus de France bientôt libéré

Georges Ibrahim Abdallah a été condamné en 1987 à la perpétuité, pour complicité d’assassinats visant des diplomates américains et israéliens. Il sortira dans quelques jours, mais devra immédiatement quitter la France et ne plus y remettre les pieds, c’est l’une des conditions posées par la justice.
Georges Abdallah a aujourd’hui 74 ans. Il est incarcéré à la prison de Lannemezan, dans les Hautes-Pyrénées. Sa cellule y est tapissée d’un portrait de Che Guevara et d’affiches en faveur de la cause palestinienne.
Lui s’est toujours considéré comme un prisonnier politique. "Je suis un combattant, pas un criminel", a-t-il toujours répété, niant toute action terroriste, et qualifiant plutôt ses actes de “résistance” contre “l’oppression israélienne sur la Palestine”.
Son avocat juge aujourd’hui scandaleux qu’il ne soit pas sorti plus tôt, pointant les pressions des Etats-Unis et des présidents français. Juridiquement, il était libérable depuis 25 ans, mais toutes ses demandes avaient jusque-là été rejetées.
Le Liban réclamait son retour depuis des années, et dit avoir tout préparé pour l’accueillir dans les prochains jours.
Georges Abdallah était tombé dans l’oubli, mais dans les années 80, c’était l’ennemi public numéro 1
On l’a longtemps cru à l’origine de la vague d’attentats qui avaient frappé la France dans les années 80, notamment l’attaque visant le magasin Tati de la Rue de Rennes. Il faut dire que le groupuscule qu’il a créé, les Fractions armées révolutionnaires libanaises, a bien revendiqué plusieurs attentats mortels.
Un groupe marxiste, anti-israélien, qui noue des contacts avec plusieurs mouvements terroristes, comme Action directe ou les Brigades rouges italiennes.
Georges Abdallah, né dans une famille chrétienne maronite, d’abord instituteur au Liban, n’a jamais reconnu son implication dans les assassinats.
Son arrestation est digne d’une scène de film. Il rentre lui-même dans un commissariat à Lyon, se disant traqué par les services secrets israéliens, et demande à être protégé. Il est alors reconnu, malgré son faux passeport algérien. La police retrouve alors chez lui un arsenal de pistolets mitrailleurs.
Lors de son procès, Georges Abdallah est même expulsé de la salle d’audience, “il insultait tout le monde, nous traitait de porcs et de sales impérialistes”, raconte Me Kiejman, qui défend les parties civiles. Au verdict, son avocat Jacques Vergès dénonce “une déclaration de guerre”. Georges Abdallah n’a jamais exprimé le moindre regret, et a toujours refusé d’indemniser les victimes.